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Exploitation des ressources
marines vivantes

De quels problèmes s’agit-il?

Une gamme d’effets directs et indirects

La pêche a une gamme d’effets directs et indirects sur les écosystèmes marins. Elle est responsable de la mortalité de nombreuses espèces, notamment celles qui sont ciblées, et d’un ensemble d’autres espèces non ciblées comme les invertébrés et les poissons (les requins y compris), les oiseaux de mer, les tortues et les mammifères marins (phoques et petits cétacés). La pression de pêche excessive sur les espèces ciblées peut entraîner la détérioration de leur capacité de reproduction et un risque d’effondrement des stocks. Les espèces d’eaux profondes s’avèrent particulièrement sensibles à la pression de pêche. Certaines captures accessoires non recherchées sont rejetées à la mer. Au début des années 2000, les taux de rejets étaient élevés dans certaines zones de pêche de l’Atlantique du Nord-Est et estimées à 1,4 million de tonnes. Ces rejets peuvent affecter la structure des communautés biologiques. Les poissons sont rejetés pour diverses raisons. De nombreuses pêcheries obéissent à de fortes motivations économiques et rejettent les poissons afin de maximiser la valeur des débarquements (écrémage). Cette pratique est illégale en vertu de toutes les politiques de pêche.

Certains types d’engins de pêche perturbent ou endommagent physiquement les fonds marins et affectent donc les habitats et les communautés benthiques, y compris ceux listés par OSPAR comme menacés et/ou en déclin, tels que les monts sous-marins et les récifs de coraux d’eau froide.

La pêche entraîne des modifications de la structure des communautés et de la chaîne alimentaire marines qui peuvent être irréversibles. L’épuisement de certaines espèces de grands prédateurs a des effets marqués sur la structure des communautés halieutiques. Des recherches récentes ont révélé que les impacts de la pêche sur l’abondance du poisson peuvent se répercuter dans des zones profondes du large, au-delà de la profondeur maximale des opérations commerciales. Bien que certains impacts de la pêche soient inévitables, la gestion durable de la pêche fait face à un défi de longue date; celui-ci consiste à minimiser les effets négatifs à long terme sur les écosystèmes tout en recherchant une viabilité économique et sociale à long terme du secteur des pêcheries.

La plupart des pêcheries sont pleinement exploitées

La plupart des stocks halieutiques traditionnels de la zone OSPAR, voire même du monde, sont pleinement exploités, surexploités ou épuisés Figure 8.2. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) surveille globalement 600 stocks halieutiques marins, parmi lesquels 3% sont sous-exploités, 20% sont modérément exploités, 52% sont pleinement exploités, 17% sont surexploités, 7% sont épuisés et 1% se reconstituent après épuisement.

La pêche dans l’Atlantique du Nord-Est a culminé en 1976, avec 13 millions de tonnes, et a ensuite diminué pour représenter environ 10 millions de tonnes par an. Les réductions de l’effort de pêche devraient entraîner des rendements plus élevés, une meilleure sécurité d’approvisionnement et des impacts environnementaux moindres. Tous les pays OSPAR se sont engagés à mettre en œuvre une approche écosystémique de la gestion de la pêche et à appliquer l’approche de précaution.

Les changements constants présentent un défi pour la gestion

La gestion de la pêche est mise à l’épreuve car les pêcheries subissent en permanence des changements dans la disponibilité des espèces commerciales, les cours des marchés, les capitaux, les cours du carburant ou le régime réglementaire. De nouvelles pêcheries se développent pour répondre à la demande du marché ou en utilisant les efforts de pêche détournés d’autres pêcheries. Les zones de pêche varient, par exemple selon les stocks halieutiques et leur migration qui réagissent aux changements environnementaux; lorsque des avancées techniques permettent d’exploiter de nouvelles zones; ou en raison de mesures de gestion, telles que les zones fermées à la pêche. Il est difficile de gérer les pêcheries en eaux profondes car les données étayant les évaluations des stocks sont incomplètes.

La pêche risque d’augmenter la vulnérabilité des écosystèmes

Les stocks halieutiques font partie intégrante des écosystèmes et, en tant que tels, sont fortement tributaires du bon état écologique tout en y contribuant. L’altération de la structure des communautés et des chaînes alimentaires marines affecte donc les stocks halieutiques commerciaux, en particulier lorsque l’environnement subit des changements. Les effets de la pêche, conjugués à d’autres impacts environnementaux, tels que la pollution, le changement climatique et l’acidification des océans, risquent d’augmenter la vulnérabilité des écosystèmes.

Figure 8.2 État des stocks halieutiques évalués...