Diverses structures artificielles ont été construites dans la zone OSPAR. Des terres ont été récupérées pour agrandir des ports et constituer des zones industrielles correspondantes et divers sites ont été proposés dans le cadre de futurs projets de récupération des terres sur la mer. Des structures de défense côtière ont été mises en place à titre de prévention de l’érosion et de protection contre l’inondation de certains sites vulnérables. De nombreux ports, marinas, jetées et autres infrastructures ont été créés. On estime que plus de 13 000 structures individuelles ont été mises en place dans la zone OSPAR Figure 9.9.
Les activités de construction peuvent avoir toute une série d’impacts sur le milieu marin. Elles peuvent entraîner la perte ou la perturbation des habitats côtiers et modifier la morphologie des fonds marins, entraînant ainsi une érosion, une sédimentation et des perturbations physiques et chimiques des écosystèmes. Lors du développement des structures, il risque de se produire plus de bruit sous-marin, de pollution des eaux (par exemple turbidité plus élevée) et de pollution de l’air. Les oiseaux de mer et les mammifères marins en quête de nourriture et en cours de reproduction sont affectés par les perturbations visuelles et acoustiques. Il pourrait y avoir une perte d’espace pour les activités humaines telles que la pêche côtière.
Les pays OSPAR ont notifié, depuis 1998, la récupération d’environ 145 hectares de terres sur la mer et les zones humides côtières, principalement sous la forme de développements à petite échelle. La plupart des sites, notamment les plus grands, se situent dans la Région II. Les bancs de sables, les estuaires, les vasières et les marais salants font partie des habitats typiques affectés par la récupération des terres sur la mer et la construction d’autres structures. La croissance à long terme du commerce mondial risque d’entraîner un développement plus important des infrastructures liées à la navigation.
Des parties importantes du littoral de la zone OSPAR sont protégées contre l’érosion par des structures de défense côtière. Les digues, les champs d’épis, les murs et le réapprovisionnement des plages pour remplacer le sable perdu font partie des techniques utilisées. Les systèmes de défense côtière, le long d’une ligne pratiquement ininterrompue, qui protègent la côte méridionale de la mer du Nord et certaines parties de sa côte occidentale, ont causé une fragmentation importante des habitats. Les structures d’ingénierie côtière dures, telles que les digues et les murs, modifient les écosystèmes et créent de nouveaux habitats de fond dur. Des structures d’ingénierie côtière douces, telles que les dunes et les marais salants sont de plus en plus employées comme tampons naturels contre la hausse des marées. Ces structures opèrent avec l’équilibre sédimentaire côtier et assurent la stabilité côtière. Le réapprovisionnement des plages entraîne une extraction plus importante du sable et du gravier marins. L’élévation du niveau de la mer, l’augmentation de la fréquence des tempêtes et de la charge des vagues prévues risquent d’entraîner un besoin plus important en mesures de protection du littoral, en particulier dans la partie méridionale de la mer du Nord.
Les pays OSPAR réglementent la récupération des terres sur la mer, les travaux de défense côtière et la construction d’autres structures grâce à la législation nationale. Il s’agit de minimiser et de corriger tout effet environnemental préjudiciable. Les réglementations nationales sur la défense côtière donnent souvent la priorité aux techniques naturelles et douces. Cette démarche est soutenue par la législation de l’UE, en particulier la Directive sur l’évaluation de l’impact environnemental, la Directive Habitats et la Directive Oiseaux et la Recommandation sur la gestion intégrée des zones côtières.
Les EIE de la récupération des terres sur la mer, des travaux de défense côtière et de construction d’autres structures ont déterminé divers effets sur les écosystèmes marins. Bien que le système réglementaire semble convenir au contrôle des impacts, au niveau d’un site particulier, dans la plupart des cas on ne dispose pas de données issues de la surveillance, permettant d’évaluer les modifications réelles de la qualité du milieu marin. Un programme de surveillance complet va être réalisé pour l’expansion du port de Rotterdam aux Pays-Bas (Projet Maasvlakte 2) entreprise récemment. Il s’agit d’étudier le rétablissement de la faune benthique, les teneurs et l’étalement de la matière en suspension, les effets physiques et le bruit sous-marin. Lorsque des effets négatifs sont attendus ou observés lors de ces démarches, il est souvent plus facile de les compenser que d’y remédier.
Il convient de disposer d’un système coordonné de recueil et de notification des informations sur la récupération des terres sur la mer, les structures de défense côtière et les autres structures artificielles, afin de combler les lacunes dans les connaissances sur les effets cumulatifs et à grande échelle. Cela contribuera à améliorer l’efficacité des réglementations et des autres mesures de gestion des impacts.
Les pays OSPAR devront promouvoir l’évolution vers une approche de gestion des sédiments et des méthodes modernes d’ingénierie côtière douce qui renforcent les défenses naturelles du littoral (telles que les marais salants et les dunes) et protéger les sources essentielles de sédiments. Les lignes directrices OSPAR devront être actualisées pour inclure les meilleures options et pratiques pour l’utilisation de sable et de gravier marins dans la défense côtière. Ces actualisations devront tenir compte de l’expérience acquise par les pays OSPAR, des stratégies dans le cadre de la Directive cadre sur l’eau de l’UE et de la nécessité de s’adapter à la montée du niveau de la mer et aux risques croissants d’inondation.