Les colonies de pennatules et mégafaune fouisseuse vivent dans les sédiments vaseux meubles et sont très sensibles à la détérioration des fonds marins. Elles sont présentes principalement dans les mers épicontinentales et les eaux côtières plus profondes du nord de la Région II et de la Région III, mais également dans certaines parties des Régions I et IV. Cet habitat jouit d’une grande biodiversité naturelle qui le rend très productif pour la pêche. Sa protection dans l’Atlantique du Nord-Est a reçu peu d’attention jusqu’à présent, seule une protection limitée étant offerte dans le cadre des ZMP existantes.
Les vasières intertidales, les herbiers de Zostera, les bancs de Modiolus modiolus, les bancs d’huîtres naturels (Ostrea edulis), les agrégats d’éponges d’eaux profondes et les monts sous-marins représentent notamment d’autres habitats devant faire l’objet de mesures prioritaires.
Le réseau OSPAR de ZMP est en cours de développement de l’Arctique aux Açores
Le réseau de ZMP comprend, en janvier 2010, 159 ZMP qui couvrent ensemble 147 000 km2, soit 1,08% de la zone OSPAR Tableau 10.4 et Figure 10.2.
La plupart des ZMP se situent dans les eaux territoriales, couvrant une partie substantielle des eaux côtières (~13%), alors que 46 d’entre elles sont situées en partie dans des Zones économiques exclusives (ZEE) (couvrant 0,52%). Une seule ZMP se situe sur le plateau continental étendu, revendiquée par le Portugal. On n’a pas encore créé de ZMP se situant entièrement dans des zones au-delà de la juridiction nationale.
Les ZMP appartenant au réseau OSPAR offrent une protection à tous les invertébrés considérés menacés et/ou en déclin, à trois des neufs espèces d’oiseaux de la Liste OSPAR, à huit des 22 espèces de poisson, aux espèces de tortue, à trois des quatre espèces de mammifères ainsi qu’à tous les habitats de la Liste OSPAR. On prévoit une amélioration de cette situation car des ZMP sont désignées en plus grand nombre et des plans de gestion sont développés et mis en œuvre Figure 10.3.
Dans les Régions II et III, la couverture atteinte par les ZMP est substantielle dans les eaux côtières autour du Royaume-Uni et de l’Irlande et le long des côtes de la mer du Nord de la Suède, du Danemark, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Elles protègent une gamme variée d’écosystèmes côtiers, y compris des bras de mer et des fleuves tidaux, des fjords, des estuaires, des marais salants, des bancs de sable et des littoraux rocheux. Elles comportent également des zones très étendues de vasières intertidales, la mer des Wadden en étant l’exemple le plus évident, ainsi que des herbiers (Zostera sp.), du maërl, des bancs d’huîtres plates ou des bancs de moules intertidaux. Les sites hébergent également un certain nombre d’espèces menacées et/ou en déclin, notamment le marsouin, le pocheteau gris, le saumon, le cabillaud, la lamproie marine, le pourpre, la cyprine d’Islande, et divers oiseaux de mer tels que le puffin des Baléares ou la mouette tridactyle. Certaines ZMP sont consacrées à la protection des récifs de coraux d’eau froide, dans le Skagerrak par exemple. Des ZMP ont également été créées au large, en particulier pour la protection des récifs et des bancs de sable (par exemple Dogger Bank au centre de la mer du Nord).
Une ZMP de la Région IV se trouve au large. Le site (dénommé El Cachucho) protège un écosystème profond unique dans la mer cantabrique. Il se trouve dans la ZEE espagnole et comporte un banc élevé très étendu et un mont sous-marin présentant un système de chenaux et de canyons, et un bassin intérieur qui sépare le banc du plateau continental. Il héberge des récifs de coraux d’eau froide, des monticules de carbonate, des éponges d’eaux profondes, des calmars géants et des requins de grands fonds. Les autres ZMP de la Région IV se trouvent le long des côtes de Bretagne et de Galice, notamment dans la mer d’Iroise à l’ouest de la Bretagne (France). Ces sites comportent notamment des vasières intertidales et des bancs d’huîtres, de moules et de laminaires, et des espèces rares telles que la tortue luth, la tortue caouanne et le cheval de mer à museau court.
Les ZMP de la Région V permettent de protéger les récifs d’eau froide sur les monts Darwin au large de la côte nord-ouest du Royaume-Uni, un certain nombre de monticules de carbonate au large à l’ouest de l’Irlande, et les écosystèmes marins dotés d’une riche biodiversité des Açores. Trois champs de sources hydrothermales ont été inclus dans le réseau de ZMP: il s’agit de Menez Gwen, Lucky Strike et Rainbow Encadré 10.1, dans le cadre du Parc marin des Açores, de création récente. Les ZMP comportent également des monts sous-marins, des volcans, des agrégats d’éponges d’eaux profondes et des récifs de coraux d’eau froide, en particulier de Lophelia pertusa. Certaines des espèces menacées et/ou en déclin de la Liste OSPAR se trouvent dans la Région V. Il s’agit par exemple de la patelle des Açores et du puffin de Macaronésie. D’autres espèces menacées et/ou en déclin présentes dans ces ZMP comprennent la baleine bleue, la tortue caouanne et l’hoplostète orange.
Des ZMP ont été créées dans la Région I le long de la côte de Norvège, autour de l’archipel de Spitzberg et dans les eaux côtières d’Islande. Nombre d’entre elles protègent les systèmes de récifs de coraux d’eau froide qui constituent des zones d’alimentation importantes et hébergent plusieurs espèces de poisson, notamment des espèces présentant une valeur commerciale telles que le sébaste, la lingue commune et le brosme. Les éponges d’eaux profondes, les gorgones, les coraux mous, le homard, l’hermite et autres crabes et l’oursin sont les éléments les plus courants de la macrofaune de ces systèmes de récifs. Autour de l’Islande, deux champs de sources hydrothermales isolés sont protégés par une ZMP. Trois ZMP autour de Spitzberg et de l’île aux Ours (Bjørnøya) constituent la zone protégée la plus étendue du réseau OSPAR, d’une superficie d’environ 78 000 km2. Ces ZMP protègent un écosystème d’une grande diversité biologique et très productif qui est considéré comme l’une des plus importantes zones du monde pour les oiseaux de mer.
Cohérence écologique du réseau OSPAR
Les informations disponibles sur la distribution de nombre d’espèces et d’habitats au sein de la zone OSPAR, notamment dans les ZMP OSPAR, sont limitées, ce qui empêche de réaliser une évaluation exhaustive de la cohérence écologique du réseau actuel de ZMP. Une évaluation spatiale préliminaire qui étudie la distribution des ZMP OSPAR suggère que la cohérence écologique n’a pas été atteinte dans l’ensemble de la zone OSPAR. En mer du Nord, dans les mers celtiques et les Açores et autour de l’archipel de Spitzberg, la couverture des ZMP actuelles fournit un certain degré de connectivité et de représentativité. Il est évident qu’il faudra inclure de nouveaux sites dans le réseau afin de s’assurer de sa cohérence dans l’ensemble de la zone OSPAR, en particulier au large et dans les grands fonds.
Statut de la gestion des ZMP
OSPAR recueille et évalue des informations sur les systèmes de gestion appliqués aux diverses ZMP. À ce jour, la plupart des ZMP OSPAR sont également des sites Natura 2000, la réglementation de la gestion de ces sites se fonde donc sur la Directive Oiseaux et la Directive Habitats de l’UE. Un nombre de plus en plus grand des sites créés comme ZMP OSPAR ne sont cependant pas des sites Natura 2000. Une série de plans de gestion, y compris des objectifs de conservation et les mesures correspondantes, ont été élaborés pour ces ZMP suivant des lignes directrices OSPAR. OSPAR a également élaboré des orientations sur l’implication des parties prenantes lors de la désignation et de la gestion des ZMP, comme c’est le cas pour la ZMP suédoise Koster-Väderöfjord. Le développement des parcs nationaux marins Kosterhavet et Ytre Hvaler a également fait l’objet d’une coopération transnationale entre la Suède et la Norvège.