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Région I – Eaux arctiques

La Région I est relativement peu polluée par rapport aux autres Régions. Ses bassins versants sont peu peuplés et certaines parties de la Région sont recouvertes de glace en permanence. Les pressions les plus intenses s’exercent sur les côtes de l’Europe continentale du Nord ou à proximité. L’Arctique héberge des espèces endémiques telles que l’ours polaire et le narval, et la partie méridionale de la Région possède certaines des plus importantes pêcheries du monde comme celles du cabillaud, du hareng et du capelan.

La Région I est éloignée mais elle est loin d’être isolée des autres Régions OSPAR. Elle représente à la fois un puits pour les contaminants provenant des autres zones, qui s’accumulent dans le poisson et les mammifères marins, et une source d’eau pour les courants océaniques de grande envergure.

Une part significative des gisements pétroliers et gaziers connus dans le monde se trouvent dans l’Arctique et de nouveaux grands projets d’extraction sont déjà en cours à l’est, tel que le gisement de Shtokman dans la partie russe de la mer de Barents.

Le QSR 2000 avait conclu que l’état écologique de la Région I était bon, dans l’ensemble. Il avait identifié les questions principales suivantes: les impacts de la pêche; les polluants organiques persistants dans le poisson et les mammifères marins; la pisciculture; et le manque de connaissances sur les effets biologiques et chimiques du changement climatique. Depuis la publication du QSR 2000, certains stocks de poisson se sont améliorés et la pisciculture est bien gérée dans l’ensemble.

Réussites

Captures illicites de cabillaud en baisse. Les captures illicites de cabillaud dans la mer de Barents ont diminué de 85% entre 2005 et 2008, grâce à la coopération entre les pays et à un meilleur contrôle des navires de pêche illicites.

Protection des habitats vulnérables. Au cours des dix dernières années, quinze ZMP ont été créées dans les eaux islandaises et norvégiennes. La plupart d’entre elles protègent les écosystèmes de coraux d’eau froide. Deux sources hydrothermales isolées, au large de la côte islandaise, et des zones côtières très étendues autour de l’archipel du Spitzberg (Svalbard) et l’île aux Ours (Bjørnøya) norvégiens sont également protégées.

Plans de gestion intégrée. Les plans de gestion intégrée norvégiens pour la mer de Barents et la mer de Norvège considèrent l’écosystème marin comme un tout. Ce sont là de bons exemples d’approches de gestion futures pour la zone OSPAR.

Préoccupations actuelles

Impacts du changement climatique. La faune et la flore de la Région I sont particulièrement sensibles au changement climatique. La température de l’air augmente plus rapidement dans l’Arctique que dans les autres parties de la zone OSPAR et les données obtenues par satellite montrent que, depuis 1979, la surface de la banquise d’été a rétréci de presque 9% tous les dix ans et celle d’hiver de 2,5% au cours de la même période.

Lorsque la banquise rétrécit, les espèces qui se reproduisent et chassent sur la glace perdent leur habitat. Le recul de la glace peut également entraîner une augmentation de la pêche, de l’extraction pétrolière, de la navigation et du tourisme.

Le dégel du pergélisol pourrait libérer des nutriments, tels que l’azote et le phosphore, dans l’océan, et des polluants organiques persistants pourraient être libérés lors de la fonte de la glace.

Températures basses, plus grande vulnérabilité. L’écosystème arctique se caractérise par des températures basses, une période de croissance courte et des conditions météorologiques très variables. Ses espèces risquent de ne pas pouvoir réagir à des fluctuations rapides, ou se rétablir rapidement après avoir été endommagées.

Le corps des animaux arctiques contient une grande quantité de graisse leur permettant de supporter le froid. Ils sont donc capables d’accumuler des polluants persistants lipophiles tels que les PCB et les retardateurs de flamme bromés. Ceux-ci sont transportés dans l’Arctique par les vents en provenance de latitudes plus basses et des teneurs élevées peuvent atteindre le sommet de la chaîne alimentaire de l’Arctique.

Acidification des océans. Comme le taux de CO2 dans l’atmosphère augmente, les effets nuisibles de l’acidification des océans risquent d’être ressentis plus tôt dans l’Arctique car le CO2 se dissout plus rapidement dans l’eau froide. L’eau de mer est de plus en plus acide et il risque donc de s’avérer difficile pour les organismes dotés d’une coquille en carbonate de calcium, comme le corail d’eau froide, de former des coquilles et des squelettes. Les projections récentes suggèrent que ce phénomène pourrait commencer à se produire dans l’Arctique dès 2016 en hiver, et dès 2026 toute l’année.

Déclin des populations d’oiseaux de mer. Les populations de plusieurs espèces d’oiseaux de mer ont décliné dans la Région I, plus particulièrement dans la mer de Norvège et la mer de Barents. Ce déclin est plus prononcé dans le cas des espèces qui se nourrissent au large, telles que le fulmar boréal, la mouette tridactyle et le guillemot de Troïl nordique. Les périodes de reproduction de ces oiseaux dans l’Atlantique du Nord-Est, en 2008, comptent parmi les plus mauvaises que l’on ait enregistrées. Certaines espèces ne se sont pas du tout reproduites. Ceci pourrait s’expliquer par un manque de nourriture et par des modifications d’autres éléments de la chaîne alimentaire, mais il est nécessaire d’effectuer, sans délai, des recherches sur les liens qui existent entre la santé à long terme des populations d’oiseaux de mer et les facteurs environnementaux.

Menaces croissantes de pollution provenant de la navigation et de l’industrie. Il est probable que l’extraction pétrolière et gazière et la navigation augmentent dans les prochaines années dans la Région I. La pollution directe par les hydrocarbures et les substances dangereuses et la pollution atmosphérique par l’azote vont donc présenter des menaces croissantes.

L’industrie de capture et de stockage du carbone est une nouvelle activité émergente. Dans le cadre des efforts d’atténuation du changement climatique, le stockage du CO2 dans le sous-sol marin présente un grand intérêt politique. Les formations géologiques dans le sous-sol marin semblent être préférables et les gisements pétroliers et gaziers de la mer de Norvège pourraient représenter des sites éventuels. Cette démarche pourrait entraîner une activité industrielle significative ainsi qu’un besoin de surveillance à long terme de la zone.