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Région II – Mer du Nord au sens large

La densité de population est très élevée dans la majeure partie de la mer du Nord, les plus grandes pressions anthropiques s’exerçant dans les parties orientales et méridionales de la Région. La densité de population de certaines zones côtières excède les 500 habitants par km2 et l’agriculture intensive couvre jusqu’à 70% des terres dont le lessivage aboutit dans cette partie de l’océan. Dans l’ensemble l’effort de pêche diminue (baisse de 25% entre 2000 et 2006), mais environ 30 stocks halieutiques commerciaux différents sont encore exploités.

Les côtes au sud de la mer du Nord sont bordées de vastes vasières et estuaires. La mer des Wadden représente la plus grande zone de vasières intertidales du monde. Elle accueille entre 10 et 12 millions d’oiseaux migrateurs chaque année. Au nord-est de la Région, de grandes forêts de laminaires couvrent les zones rocheuses et d’importantes colonies d’oiseaux de mer peuplent les îles.

La mer du Nord possède certains des couloirs de navigation les plus fréquentés du monde et le transport maritime ne cesse d’augmenter. Au cours des dix dernières années, les activités touristiques et de construction ont également augmenté, des structures côtières et des parcs éoliens étant construits et exploités en plus grand nombre. Il est donc indispensable d’adopter une approche cohérente de planification et de protection du milieu marin dans cette zone.

Le QSR 2000 avait identifié les questions principales suivantes dans la Région II: l’impact de la pêche; des substances dangereuses, en particulier des polluants organiques persistants; des apports telluriques de nutriments; et le manque de connaissances sur le changement climatique.

Réussites

Certains stocks halieutiques se sont améliorés. La gestion de la pêche est en train de s’améliorer. Des plans de gestion à long terme des stocks clés sont mis en place et les pratiques de pêche destructives telles que le chalutage à perche et à panneaux dans certaines zones ont considérablement diminué. Le problème des rejets de poissons commence à être traité. Certains signes indiquent que les communautés halieutiques démersales commencent à se rétablir.

Apports réduits de substances dangereuses et de nutriments. La plupart des pays OSPAR ont atteint, et beaucoup d’entre eux ont dépassé, l’objectif OSPAR de réduction des apports de phosphore dans les zones à problème d’eutrophisation, et trois pays ont presque atteint l’objectif de réduction de 50% pour l’azote. Les apports à la mer de mercure et de plomb provenant de divers grands fleuves ont baissé.

Bonne couverture des ZMP. Les ZMP de la Région II couvrent une zone plus étendue que celles des autres Régions, protégeant 5,4% de ses eaux et fonds marins. Il s’agit maintenant d’intégrer la gestion de ces ZMP dans des planifications spatiales plus vastes.

Préoccupations actuelles

Eutrophisation sur les côtes. L’eutrophisation causée par les apports de nutriments est un problème qui affecte la côte occidentale de la mer du Nord, de la Belgique à la Norvège, et certains petits estuaires et baies de l’est de l’Angleterre et du nord-est de la France. Les problèmes qui s’ensuivent comprennent la mortalité du poisson dans les fjords du Danemark et de la Suède et le déclin des laminaires le long de certaines parties de la côte norvégienne. Les apports d’azote, provenant essentiellement de l’agriculture, sont la cause principale de l’eutrophisation et peu de pays sont proches de l’objectif de réduction d’OSPAR de 50% des apports d’azote dans les zones à problème. Les effets positifs de la réduction des apports de nutriments peuvent prendre des dizaines d’années à se manifester en mer car les nutriments contenus dans le sol et les sédiments peuvent être libérés progressivement.

Pollution par les substances dangereuses. Les teneurs en métaux (cadmium, mercure et plomb) et en polluants organiques persistants sont supérieures aux teneurs ambiantes dans certaines eaux du large de la mer du Nord, et inacceptables dans certaines zones côtières. Les teneurs en plomb, par exemple, sont inacceptables dans 40% des sites surveillés, alors que les teneurs en HAP et en PCB sont inacceptables dans plus de la moitié des sites surveillés.

Quantités de déchets préoccupantes. Des particules microscopiques de matière plastique se trouvent dans l’estomac de plus de 90% des fulmars et entre 45% et 60% d’entre eux dépassent l’Objectif de qualité écologique (EcoQO) fixé par OSPAR. Les quantités de déchets sur les plages de la mer du Nord méridionale correspondent à la moyenne pour l’ensemble de la zone OSPAR (environ 700 objets par section de 100 m de plage), mais les quantités sont plus élevées sur les plages de la mer du Nord septentrionale.

Progrès lents vers une pêche durable. Certains stocks halieutiques importants de la mer du Nord sont encore en dehors des limites d’exploitation durables et le pronostic n’est pas uniformément bon, bien que les pratiques préjudiciables aient diminué. L’état médiocre du stock de cabillaud est particulièrement préoccupant. Les captures accessoires de raies, de requins, de marsouins et de dauphins dans des filets de pêche sont également des sources de préoccupation.

Échec de la reproduction des oiseaux de mer. Dans la mer du Nord septentrionale, certains oiseaux ont failli à leur reproduction pendant une décennie, probablement en raison des effets conjugués du changement climatique et de la pêche sur les espèces-proies clés. Bien que le succès de la reproduction ait été satisfaisant pour la première fois en 2009, le bilan sur le long terme est préoccupant.

Habitats des fonds marins endommagés. Les pratiques de chalutage de fond, en particulier le chalut à perche, sont responsables de dégâts importants causés aux habitats sédimentaires et aux récifs en eaux peu profondes. Dans la Manche occidentale, des bancs importants d’algues rouges calcifiées, appelées maërl, sont menacés et leur étendue et leur qualité ont décliné. Ceci est en partie dû aux dégâts causés par l’extraction du maërl utilisé en agriculture pour le chaulage des sols.

Impacts du changement climatique. C’est dans la Région II que le réchauffement de la mer est le plus rapide, la température de la surface de l’eau ayant augmenté de 1 à 2 °C au cours des vingt-cinq dernières années. Les communautés planctoniques et de poisson réagissent déjà. Le saint-pierre argenté et le rouget de roche sont de plus en plus présents dans des zones plus septentrionales alors que les stocks de cabillaud de la mer du Nord semblent décliner beaucoup plus rapidement qu’on pourrait s’y attendre si ce phénomène était uniquement dû à l’impact de la pêche.

Pressions exercées en réponse au changement climatique. Il est fort probable que la Région II voit le lancement ou le développement d’un certain nombre d’activités industrielles en réponse au changement climatique. La montée du niveau de la mer et l’érosion sont susceptibles de se produire sur les côtes méridionales de la mer du Nord. Un développement à grande échelle des défenses côtières est donc probable, entraînant une augmentation correspondante des pressions exercées sur les habitats des fonds marins, liées à l’extraction du sable et au réapprovisionnement des plages. Il est proposé, de même que dans la mer de Norvège (Région I), de stocker du CO2 dans le sous-sol marin, dans de vieux gisements pétroliers et gaziers de la mer du Nord. La mer du Nord est une zone prédisposée à la production d’énergies marines à partir de sources renouvelables en raison de sa proximité avec des zones très peuplées. Les effets à long terme de ces projets à grande échelle ne sont pas évidents.