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Vers une évaluation des
écosystèmes

Pilotage d’une nouvelle approche d’évaluation

OSPAR a piloté une approche qui a pour objectif de déterminer l’état des écosystèmes en s’inspirant de la détermination et de la quantification des pressions principales et de leur impact cumulatif sur les groupes d’espèces et les types d’habitats. Plus de 70 experts en science marine, provenant de toutes les Régions OSPAR, ont participé à une évaluation expérimentale lors d’un atelier qui s’est tenu à Utrecht (Pays-Bas) en février 2009. Cette étude pilote a donné un aperçu important de la complexité de l’évaluation des écosystèmes, et les leçons qui en découlent constituent une importante contribution au développement plus poussé des méthodologies d’évaluation. Dans de nombreux cas, les résultats de l’atelier d’Utrecht correspondent à ceux des évaluations thématiques préparées grâce aux travaux habituels d’OSPAR. Ils présentent également des lacunes et des faiblesses comme on peut s’y attendre lorsque l’on applique pour la première fois une nouvelle méthode à une évaluation si complexe. Les résultats figurent dans le rapport de l’atelier d’Utrecht et le Tableau 11.3 illustre les résultats possibles des évaluations des impacts par rapport aux pressions, à l’appui d’une évaluation générale de l’état écologique par région. Les principaux messages découlant de l’atelier d’Utrecht portent sur la méthode elle-même, les processus d’apprentissage et la bonne voie à suivre.

L’atelier d’Utrecht a suivi une méthodologie analytique systématique décrite par Robinson et al. (2009). Il s’est concentré sur l’évaluation, à l’échelle des Régions OSPAR, des impacts des pressions exercées par les activités humaines, tels qu’énumérés dans la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin de l’UE, et ceux causés par le changement climatique, sur quatre groupes d’espèces clés (poisson, cétacés, phoques, oiseaux de mer) et quatre types d’habitats (récifs rocheux et biogéniques, sédiments d’eaux peu profondes, sédiments du plateau, eaux profondes) sélectionnés. L’évaluation s’est déroulée suivant les étapes suivantes:

  • Première étape: cartographier la distribution géographique des activités humaines et décrire l’étendue spatiale et temporelle, l’intensité et la fréquence des pressions exercées par ces activités.
  • Deuxième étape: définir la distribution géographique des groupes d’espèces et des types d’habitats sensibles à ces pressions.
  • Troisième étape: évaluer le degré de l’impact, où les pressions et les écosystèmes se chevauchent dans le temps et dans l’espace. Des critères génériques et des valeurs seuils correspondantes ont été développés à cet effet, relativement à la distribution géographique, à la taille de la population et à l’état des groupes d’espèces et à la distribution, l’étendue et l’état des habitats. Les valeurs seuils se fondent sur celles déterminées dans les orientations de l’UE sur l’évaluation de l’état de conservation favorable des espèces et habitats dans le cadre de la Directive Habitats. Le degré de l’impact, en suivant ces critères, a été évalué par rapport à l’état de référence (fondé sur une absence de pression). Le pourcentage de l’écart par rapport à cet état de référence permet une classification de l’impact, qui peut être « faible », « modéré » ou « élevé ».
  • Quatrième étape: résumer les divers impacts causés par les activités humaines afin d’obtenir une évaluation de l’état général, par groupe d’espèces et par type d’habitats (voir les exemples des résultats Tableau 11.3).
  • Enfin: résumer les impacts sur tous les groupes d’espèces et tous les types d’habitats afin d’évaluer l’impact total par pression Tableau 11.3 et donc leur contribution relative à l’impact total dans chaque Région.

Cette évaluation s’est inspirée des données et des informations sur la distribution des diverses activités humaines présentées dans les chapitres 8 et 9 et les évaluations thématiques sous-jacentes. Dans certains cas, les informations sur les impacts de ces activités et sur l’état des espèces et des habitats sont très limitées pour toutes les Régions OSPAR. Ces lacunes ont été comblées grâce aux connaissances collectives des experts qui étaient également limitées pour certaines Régions et pressions. Le niveau de confiance a été déterminé pour chaque évaluation d’impact. L’absence de consensus parmi les experts a été abordée mais pas toujours résolue. Le CIEM a réalisé une revue de la méthode et des résultats de l’atelier qui reconnaît que l’application de la méthode présente certaines faiblesses qu’il faudra aborder lors de son développement ultérieur. Il est cependant évident que la présence d’un éventail diversifié d’experts impliqués dans ce processus confère une crédibilité supplémentaire au processus.

L’atelier d’Utrecht a permis d’acquérir une bonne expérience lorsqu’il s’agit d’établir un lien entre les activités humaines et leurs pressions correspondantes et l’évaluation des composantes des écosystèmes sélectionnées et de tester une approche générique à grande échelle de l’évaluation des écosystèmes. Plusieurs leçons, informant les futurs travaux, peuvent être retenues:

  • La cartographie des activités humaines et des composantes des écosystèmes est prometteuse en matière d’évaluation des impacts individuels et cumulatifs sur les habitats et les espèces sessiles correspondantes (rattachées à une zone particulière). Elle semble moins applicable aux espèces mobiles.
  • Les évaluations à l’échelle des Régions OSPAR ne sont pas assez affinées pour permettre de déterminer correctement les impacts, souvent propres à une zone, des activités humaines. De nombreux habitats ont une petite échelle géographique. Il importe donc que les évaluations des impacts anthropiques soient réalisées à une échelle adéquate, qui risque de varier selon le cas.
  • Les critères et valeurs seuils génériques d’évaluation ne tiennent pas compte des variations des caractéristiques de l’histoire de vie de certains groupes d’espèces. Il convient d’affiner les critères d’évaluation pour permettre une meilleure différentiation des groupes d’espèces et d’habitats.
  • L’évaluation pilote donne une indication préliminaire des effets cumulatifs. La méthode devra être développée plus avant pour permettre d’en réaliser une meilleure évaluation.
  • Une appréciation par un groupe d’experts désignés, suivant des procédures bien définies, pourrait complémenter les séries de données limitées. Les résultats seront plus crédibles si on notifie le niveau de confiance et si on explique comment ont été traitées les lacunes dans les données et les questions ne faisant pas l’objet d’un consensus suffisant.

Tableau 11.3

Illustration des résultats provenant d’une évaluation...
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