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Protection et conservation de la
biodiversité et des écosystèmes

Dans quelle mesure l’état de santé général est-il affecté?

La protection de caractéristiques clés devrait contribuer à l’état de santé général

Les mesures de protection des diverses espèces et des divers habitats déterminés par OSPAR comme étant menacés et/ou en déclin devraient avoir des effets positifs sur l’état de santé du milieu marin. Se concentrer sur des espèces rares et en déclin ne garantit pas la protection de toutes les fonctions essentielles des écosystèmes, mais présente un certain avantage pour les autres espèces, habitats et processus écologiques.

Une réévaluation des espèces et habitats menacés et/ou en déclin de la liste, réalisée en 2009, montre que le statut général de la plupart des espèces n’a pas changé depuis la création de la Liste OSPAR en 2003. Certaines ont presque disparu (par exemple la patelle des Açores, l’esturgeon d’Europe, la population ibérique de guillemot, la baleine franche noire), nombre d’entre elles ont subi un déclin grave (par exemple le puffin des Baléares, la plupart des espèces de poisson diadrome, la tortue luth), l’une s’est maintenant stabilisée mais le nombre d’individus est faible (puffin de Macaronésie) et une autre accuse une légère augmentation du nombre d’individus (pourpre). Les stocks d’espèces de poisson commerciales, telles que le thon rouge, l’hoplostète orange et le cabillaud (dans certaines parties de la mer du Nord et de la mer d’Irlande) sont très bas. Les menaces qui affectent les habitats et justifient leur inclusion dans la Liste OSPAR se poursuivent. Il se peut que l’étendue de nombreux habitats de la liste continue à diminuer. Même si des mesures appropriées sont mises en œuvre, toute amélioration décelable prendra du temps, en particulier dans les habitats hébergeant des espèces longévives.

Surveillance et évaluation de la santé des écosystèmes

Les pays OSPAR entreprennent une grande variété de programmes de surveillance biologique, mais il faudra améliorer la coordination. Ces programmes se focalisent principalement sur les sites ou caractéristiques protégés plutôt que sur les fonctions de l’écosystème. Il importera, lors du développement de la prochaine phase des travaux d’OSPAR, de mettre l’accent sur la surveillance et l’évaluation de l’état et des impacts à l’échelle de l’écosystème. Les travaux d’OSPAR sur les EcoQO dans la mer du Nord représentent un point de départ, il s’agit par exemple de l’EcoQO concernant des populations de phoques sains.

Encadré 10.7 Populations de phoques sains

EcoQO pour la mer du Nord: Compte tenu de la dynamique et des tendances naturelles de la population, il convient que la production des jeunes phoques gris ou la taille de la population de phoque veau-marin (telle que mesurée par le nombre d’individus pris) ne baisse pas de ≥10% telle qu’elle est obtenue par des estimations de la moyenne ou par des estimations ponctuelles (séparées de cinq ans au maximum) sur cinq années consécutives, dans toute sous-unité parmi la série définie de la mer du Nord.

Parmi les cinq espèces de phoques présentes dans la zone OSPAR, seuls le phoque gris et le phoque veau-marin sont courants dans la mer du Nord (Région II). Deux EcoQO séparés ont été adoptés pour le phoque gris et le phoque veau-marin pour prendre en compte leurs différentes caractéristiques biologiques. Les phoques veaux-marins se reproduisent plus largement près des côtes, alors que les phoques gris se reproduisent dans des colonies à des endroits précis. Au cours des dernières décennies, des infections virales ont été responsables de la mortalité élevée du phoque. L’EcoQO OSPAR a pour intention de maintenir en bonne santé les populations de ces espèces de phoque dans la mer du Nord en déclenchant, le cas échéant, des mesures de gestion.

Le recrutement de jeunes phoques gris en mer du Nord a augmenté dans l’ensemble alors que la population de phoque veau-marin a baissé jusqu’en 2006. L’EcoQO a été atteint pour le phoque gris dans toutes les unités significatives de la population de la mer du Nord, si on se base sur la période de cinq ans jusqu’à 2006 (voir carte de gauche). Au cours de la même période, l’EcoQO pour le phoque veau-marin n’a pas été atteint dans plusieurs zones qui ont subi un déclin du phoque supérieur à 10% (Shetland, Orkney, est de l’Écosse, de Greater Wash à Scroby Sands, Limfjorden au Danemark, et ouest de la Norvège) (voir carte de droite). Seule la zone de Limfjorden, parmi ces zones, a été affectée par une épidémie de morbillivirus ces dernières années. La cause de ce déclin dans les autres zones n’est pas connue. Les données de 2008 suggèrent que plus récemment les populations de phoque veau-marin ont augmenté dans la mer des Wadden.

Cet EcoQO joue un rôle d’indicateur écologique général car les phoques sont des prédateurs supérieurs et leur état dépend d’une large gamme de variables. Il faudra se pencher sur les raisons pour lesquelles l’EcoQO pour le phoque veau-marin n’a pas été atteint. Les modifications de la taille de la population ou du recrutement des jeunes phoques pourraient indiquer des problèmes plus généraux affectant l’écosystème, tels que l’épuisement des stocks de nourriture causé par la pêche, les polluants affectant la reproduction ou les modifications de la distribution liées au changement climatique. Des pressions conjuguées pourraient causer un stress physiologique et accroître la susceptibilité aux maladies. S’il s’avère que les activités humaines sont responsables de ce déclin, il faudra mettre en œuvre des mesures de gestion pertinentes.

Évaluation du système des EcoQO pour la mer du Nord

L’évaluation des écosystèmes marins qui sont constitués d’une mosaïque d’habitats différents et d’un large éventail d’espèces représente encore un défi. Le Chapitre 11 présente une approche matricielle pilote appliquée à l’évaluation des écosystèmes. Elle offre des expériences utiles mais elle révèle également qu’il y a un long chemin à parcourir afin de pouvoir réaliser des évaluations intégrées qui soient scientifiquement crédibles. Cette approche démontre également qu’il est nécessaire d’appliquer de meilleures méthodes de surveillance et d’évaluation de l’étendue et de l’état des habitats. Il faut poursuivre et renforcer les efforts portant sur la classification et la cartographie des habitats, afin d’obtenir de meilleures informations sur la distribution, l’étendue et l’état des habitats dans les évaluations futures. Il existe également un lien important avec le concept du bon état écologique dans le cadre de la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin de l’UE, qui vise à intégrer le fonctionnement d’un écosystème.

Protection des écosystèmes se trouvant au-delà des ZMP

Un réseau écologiquement cohérent de ZMP bien gérées soutient l’écosystème au sens large. Les espèces et habitats d’une ZMP dépendent des processus se déroulant en dehors de cette ZMP et y contribuent. Ces rapports sont souvent plus complexes et s’établissent à une échelle plus grande que les écosystèmes terrestres et présentent une importance particulière pour les espèces très mobiles, telles que certains oiseaux de mer, mammifères marins et poissons. Un réseau écologiquement cohérent de ZMP implique, entre autres, la sauvegarde de zones importantes pour certaines étapes du cycle de vie. Un réseau de ZMP peut également fournir une plus grande résistance de l’écosystème en réponse aux conditions environnementales changeantes, telles que le changement climatique. Il faut étendre la surveillance au sein des ZMP afin de pouvoir évaluer si les ZMP OSPAR permettent l’amélioration éventuelle de l’état de l’environnement local et général.