Télécharger6 Substances radioactives

Ces mesures ont-elles réussi?

Progrès réalisés dans le secteur nucléaire

OSPAR a déterminé des radionucléides indicateurs pour les rejets provenant de chacun des secteurs. Ces indicateurs permettent d’évaluer les progrès effectués envers les objectifs de la Stratégie substances radioactives d’OSPAR Tableau 6.1. Ceci a été réalisé en établissant la composition des rejets provenant des divers secteurs et l’importance de la dose de rayonnement des radionucléides concernés. OSPAR recueille des données sur les rejets annuels de radionucléides indicateurs provenant du secteur nucléaire depuis 1990 et provenant de sources non nucléaires depuis 2005. Les données sur le secteur nucléaire et le secteur non nucléaire sont très différentes en termes de temps et de quantité. Pour le secteur nucléaire, il a été convenu de considérer la période entre 1995 et 2001 comme période de référence par rapport à laquelle on peut évaluer les progrès effectués pour atteindre les objectifs de la Stratégie substances radioactives. Des valeurs moyennes des rejets provenant des radionucléides indicateurs individuels durant la période de référence ont été déterminées. Le nombre restreint de données notifiées n’a pas permis de déterminer une ligne de base pour l’évaluation des tendances des rejets provenant du secteur non nucléaire. De même que les radionucléides indicateurs individuels, l’activité α totale et l’activité β totale (à l’exclusion du tritium) sont utilisées pour indiquer les rejets de substances radioactives dans l’ensemble des secteurs.

Les rejets de certains radionucléides provenant du secteur nucléaire ont baissé

Les rejets annuels provenant des installations nucléaires montrent que parmi les radionucléides évalués, le tritium émetteur β est responsable de la plupart des rejets dont les quantités, à titre numérique, sont supérieures de plusieurs ordres de grandeur à celles de l’activité α totale et l’activité β totale provenant d’autres radionucléides rejetés par le secteur nucléaire Figure 6.2. Les rejets de tritium proviennent principalement des usines de retraitement. Les quantités de rejets de tritium semblent élevées mais ces rejets présentent une faible radiotoxicité pour l’homme et le milieu vivant. Actuellement, il n’existe pas de technologie permettant d’extraire le tritium des flux de déchets radioactifs industriels.

La moyenne des rejets provenant de l’industrie nucléaire, entre 2002 et 2006, comparée à celle de la période de référence 1995–2001, révèle une diminution statistiquement significative de 38% des rejets de l’activité β totale (à l’exclusion du tritium) mais aucune modification statistiquement significative des rejets de l’activité α totale Figure 6.3.

La France et le Royaume-Uni ont montré, grâce à leurs rapports sur la mise en œuvre de la Recommandation OSPAR 91/4, que la BAT a été appliquée afin de minimiser les rejets de radionucléides provenant de leurs usines de retraitement. Par exemple lors de la revue du décret d’autorisation des rejets, les autorités françaises ont imposé à l’exploitant de l’usine de la Hague de réduire davantage les rejets. Depuis 2002, l’usine de retraitement de combustible nucléaire de Sellafield (Royaume-Uni) est parvenue à réduire ses rejets de 99Tc, radionucléide qui a fait l’objet d’une attention particulière de la part des Réunions ministérielles d’OSPAR de 1998 et 2003. On prévoit une diminution supplémentaire des rejets de 99Tc et leur maintien à des niveaux bas.

Figure 6.2 Rejets annuels de l’activité β totale...

Figure 6.3 Rejets moyens de l’activité α totale...

Encadré 6.1 Réduction radicale des rejets de technétium à Sellafield

La réduction des rejets de 99Tc provenant de l’usine de retraitement de combustible nucléaire de Sellafield (UK) montre comment les mesures OSPAR ont contribué à la réduction des rejets radioactifs à une source propre à un site. À Sellafield, le retraitement de combustible nucléaire irradié produit des déchets liquides contenant du 99Tc et d’autres radionucléides. Les déchets ont été initialement rejetés dans la mer d’Irlande après plusieurs années de décomposition. En réponse aux préoccupations du public ces rejets ont été conservés dans des cuves de stockage après 1981. L’usine « Enhanced Actinide Removal Plant » (EARP) construite à Sellafield a pour fonction de traiter les déchets mais n’a pas été conçue pour extraire le 99Tc. Lorsque EARP a commencé à traiter l’arriéré des déchets, en 1994, les rejets de 99Tc et ses teneurs dans le milieu marin ont donc augmenté.

En réponse aux préoccupations de certains pays OSPAR, l’Irlande et la Norvège en particulier, et à la déclaration conjointe des Ministres OSPAR sur une réduction des rejets de 99Tc, le Royaume-Uni a réduit la limite de rejets de 99Tc à Sellafield de 200 à 90 TBq/an, à partir du 1er janvier 2000, et a étudié des techniques de réduction potentielles du 99Tc. La vitrification et le stockage à terre des nouveaux déchets ont été mis en œuvre en 2003 mais ces techniques ne conviennent pas aux déchets résiduels stockés. Des recherches effectuées par la Norvège montrent qu’au Royaume-Uni les doses reçues par des groupes critiques, en provenance de rejets de 99Tc dans la mer, sont plus élevées que celles reçues par l’intermédiaire du stockage à terre. Cette constatation a appuyé l'élaboration d'une méthode impliquant la précipitation de 99Tc puis le stockage à terre.

Cette technique a fait l’objet d’un essai industriel, au cours duquel les rejets provenant du traitement des déchets ont été mis en suspension. Ces essais ont réussi et la technologie a été mise en œuvre, permettant au Royaume-Uni de réduire la limite de rejets de 99Tc à 10 TBq/an en avril 2006. Les rejets réels étaient inférieurs à 5 TBq en 2007. À la fin de 2007 tous les déchets stockés contenant du technétium (concentré à moyenne activité) ont été traités et les rejets correspondants de 99Tc provenant de cette source principale ont cessé à Sellafield.

Vers les objectifs de la Stratégie substances radioactives

Le secteur nucléaire et le secteur non nucléaire contribuent de différentes manières

Les teneurs d’activité des radionucléides naturels rejetés par l’industrie pétrolière et gazière offshore sont très faibles, aussi bien dans l’eau de production que dans le tartre des canalisations. Les volumes d’eau de production sont cependant très importants et les rejets de radionucléides sont donc substantiels. Les rejets annuels de l’activité α totale provenant de l’industrie pétrolière et gazière offshore s’élevaient à 6,4 TBq en 2005 et à 7,4 TBq en 2007, alors que les rejets de l’activité β totale (à l’exclusion du tritium) étaient plus faibles allant de 4,3 TBq en 2005 à 4,9 TBq en 2007. Il s’agit des meilleures estimations calculées à partir de la radioactivité des radionucléides indicateurs individuels, plutôt qu’à partir de l’analyse de l’activité α totale et de l’activité β totale.

Une comparaison de la radioactivité provenant de l’industrie pétrolière et gazière offshore estimée en 2007 et de celle provenant du secteur nucléaire fournit une indication sur l'ampleur relative de la radioactivité rejetée Figure 6.4. Selon ces données, l’industrie pétrolière et gazière offshore représente la principale source d’activité α totale, alors que le secteur nucléaire est la principale source d’activité β totale. Les rejets de tritium provenant du secteur nucléaire sont beaucoup plus importants que ceux provenant de son utilisation à titre de marqueur dans l’industrie pétrolière et gazière norvégienne.

Les radionucléides utilisés dans le secteur médical (par exemple 131I et 99mTc) ont soit une vie courte soit une contribution à la radioactivité estimée très faible au niveau régional. L’activité totale de 131I rejeté par neuf pays OSPAR en 2007 est estimée à 20 TBq. La somme des rejets de 99Tc provenant de la désintégration du 99mTc utilisé dans le secteur médical, dans les cinq pays OSPAR ayant notifié des données, ne s’élevait qu’à 1 MBq en 2007. OSPAR a donc mis fin à la notification des données sur le 99Tc à usage médical.

Figure 6.4 Comparaison des rejets de l’activité provenant du secteur pétrolier...