Espèces et habitats menacés et/ou en déclin
Les travaux d’OSPAR sur la protection et la conservation de la biodiversité ont commencé par la détermination des espèces et habitats devant être les plus protégés, afin de pouvoir déterminer les priorités. La Liste OSPAR des espèces et habitats menacés et/ou en déclin a été convenue en 2003 et étendue en 2008 Tableau 10.2 et Tableau 10.3. Cette démarche s’est fondée sur les critères convenus pour le déclin (exprimé relativement à la population, la distribution et l’état des espèces, et l’étendue de la distribution et l’état des habitats) et les menaces (exprimées relativement aux liens éventuels directs ou indirects avec les activités humaines). Il n’y a pas eu de révision de la liste associée à l’évaluation actuelle de l’état écologique (c’est-à-dire le QSR 2010). Il est difficile de déterminer des tendances pour toutes les espèces et tous les habitats de la liste mais les sections suivantes et les évaluations sous-jacentes à ce chapitre présentent des informations récentes sur certaines caractéristiques.
La principale pression exercée sur les espèces de la liste est le prélèvement d’espèces ciblées et non ciblées, essentiellement dû à la pêche, tandis que les autres pressions importantes concernent la perte ou la détérioration des habitats et la pollution. De grands changements océanographiques liés au changement climatique, notamment l’ acidification des océans, la montée du niveau de la mer et l’augmentation de la température de la mer, sont susceptibles de devenir de plus en plus importants dans les décennies à venir. L’introduction d’espèces non indigènes et les déchets représentent d’autres pressions. Certaines espèces subissent des pressions d’origine terrestre, telles que la prédation dans les sites de reproduction des oiseaux de mer et les obstacles à leur migration lorsqu’elles traversent des zones d’eau douce, dans le cas des espèces de poisson migratrices dont le cycle vital s’effectue en partie dans l’eau douce et en partie dans l’eau salée. Les stocks des trois espèces de baleines figurant dans la liste ont été historiquement épuisés à la suite de la chasse commerciale qui s’est déroulée jusque dans les années 1960.
Les plus importantes pressions affectant les habitats sont la perte d’habitats, causée par exemple par l’aménagement du littoral ou l’extraction minière et la détérioration des habitats causée dans de nombreux cas par le chalutage de fond.
Travaux pour protéger les espèces et habitats
OSPAR s’est efforcée de déterminer et de mettre en œuvre les meilleures méthodes de protection de ces espèces et habitats menacés et/ou en déclin, dont un grand nombre sont affectés par des pressions multiples exercées par les activités humaines, qui agissent souvent cumulativement. Certaines espèces et habitats ont bénéficié des améliorations de la qualité du milieu marin au cours des vingt dernières années à la suite des travaux d’OSPAR dans le domaine de l’eutrophisation, des substances dangereuses, des activités pétrolières et gazières et de l’abandon progressif de divers types d’élimination des déchets.
OSPAR a recueilli et cartographié des informations de valeur sur les aires de distribution des habitats menacés et/ou en déclin Figure 10.1 et invité les autorités compétentes de gestion de la pêche à prendre en compte, sans délai, ces informations dans les mesures de protection de ces habitats contre les impacts liés à la pêche.
OSPAR a déterminé une série d’actions à entreprendre afin de protéger des espèces et habitats particuliers. Ces mesures sont les suivantes:
- Sensibiliser l’opinion des parties prenantes et du grand public aux espèces et habitats et aux pressions qui les affectent.
- Tenir compte des espèces et habitats menacés et/ou en déclin dans les processus d’évaluation des impacts environnementaux.
- Soutenir une meilleure détermination des espèces menacées (requins, pocheteau gris et raies, esturgeon) par les principaux usagers de la mer (pêcheurs par exemple).
- Protéger les sites de reproduction (oiseaux de mer, notamment sterne de Dougall et guillemot de Brünnich).
- Restaurer les habitats et protéger les couloirs de migration (poisson diadrome).
- Développer des programmes de réintroduction (esturgeon d’Europe).
- Améliorer la coordination de la surveillance des espèces, des habitats et des pressions, et échanger des informations, sur des observations par exemple (tortues, requin pèlerin).
- Agir afin de réduire les captures accessoires (requins, pocheteau gris, raies, puffin des Baléares, marsouin, tortues).
- Créer des zones marines protégées (ZMP) afin de protéger les zones fonctionnelles importantes pour les espèces et habitats, notamment pour les étapes essentielles du cycle vital (requin, pocheteau gris, raie).
Plusieurs autres organisations et cadres internationaux contribuent à la protection et la conservation de la biodiversité marine Tableau 10.1. OSPAR doit coordonner ses travaux et ceux de ces organisations et constituer un cadre de travail permettant d’harmoniser et de soutenir des actions cohérentes au niveau national. Les efforts de conservation de nombre d’espèces doivent être étayés par des recherches supplémentaires, en particulier en matière de démographie et d’histoire de la vie. Une meilleure cartographie de la distribution, de l’étendue et de l’état des habitats des fonds marins est essentielle pour soutenir la gestion. Une meilleure coordination de la surveillance et du recueil d’informations est également importante.
Un réseau de ZMP en cours de développement
OSPAR est en train de développer un réseau écologiquement cohérent de ZMP bien gérées pour l’Atlantique du Nord-Est et s’est fixée comme objectif de le créer en 2010 au plus tard. Ce réseau vise à apporter une contribution significative à l’utilisation durable, la protection et la conservation de la biodiversité marine, y compris dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale. Le réseau et ses objectifs s’ajoutent au, et complètent le système Natura 2000 de zones protégées, créé dans le cadre des Directives Oiseaux et Habitats de l’UE et d’autres mesures nationales. Plus précisément, le réseau OSPAR a une couverture géographique étendue et les critères à base écologique pour sélectionner des ZMP OSPAR sont plus larges que ceux de Natura 2000 et tiennent compte aussi de la nécessité de représenter un plus grand nombre d’espèces et d’habitats. L’objectif d’OSPAR d’un réseau écologiquement cohérent vise à garantir l’interaction et le soutien des ZMP avec l’environnement marin dans son ensemble, ainsi qu’avec d’autres ZMP. Ceci est particulièrement important pour les espèces très mobiles afin de sauvegarder les étapes et les zones critiques de leur cycle de vie (telles que les zones de reproduction et d’alimentation). Une gestion adéquate est essentielle pour parvenir à un écosystème sain et fonctionnant correctement à l’intérieur et l’extérieur des ZMP. Un plan de gestion doit déterminer les mesures de gestion les plus appropriées pour atteindre les objectifs de chaque ZMP. Le zonage, les fermetures saisonnières et les restrictions s’appliquant à certaines activités (par exemple la gestion de l’effort de pêche, les restrictions s’appliquant aux engins) sont toutes des approches pouvant être utilisées dans une ZMP.