Télécharger3 Changement climatique

Quelles sont les mesures prises?

Des réductions radicales des émissions de gaz à effet de serre sont essentielles à l’atténuation des impacts

La Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques pilote les travaux, à l’échelle mondiale, sur la stabilisation des teneurs atmosphériques en gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique. Dans ce contexte le Traité de Kyoto a engagé la plupart des pays industrialisés à des réductions légalement contraignantes des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2008–2012. La Conférence des Parties, qui s’est tenue à Copenhague en décembre 2009, a lancé des négociations sur un plan d’accord post-2012.

En 2007, les émissions de gaz à effet de serre équivalents au CO2 dépassaient 5000 millions de tonnes en Europe, ce qui correspond à une réduction de 9,3% par rapport à 1990. Les émissions globales de gaz à effet de serre doivent être réduites de plus de 50% par rapport à 1990, d’ici 2050, si on souhaite maintenir l’augmentation de la température moyenne globale au-dessous de 2 °C par rapport à la période pré-industrielle. Il faut en particulier réduire le CO2 afin d’atténuer les conséquences de l’acidification des océans. L’UE a fixé une cible transitoire unilatérale contraignante afin de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre entre 2012 et 2020 et prévoit d’augmenter de 20% la proportion d’énergie renouvelable en Europe au cours de cette période. Il faut agir sans délai afin d’atteindre ces objectifs, en employant davantage de solutions. Les options comprennent l’amélioration de l’efficacité énergétique, la réduction de la demande énergétique, le passage à des énergies renouvelables et la capture et stockage du carbone. Toute option envisagée, que ce soit à terre ou en mer, est susceptible de modifier la distribution et l’intensité des pressions exercées sur le milieu marin.

La demande en énergie éolienne, houlomotrice et marémotrice est en hausse

La plupart des projets d’énergie renouvelable en pleine mer existants ou prévus sont des parcs éoliens concentrés dans les Régions II et III. Le nombre de parcs éoliens en pleine mer dans la zone OSPAR a augmenté de manière substantielle au cours des dix dernières années. Si tous les parcs éoliens autorisés et ayant fait une demande d’autorisation en 2009 sont développés, le nombre de turbines en pleine mer dans la zone OSPAR augmentera de presque dix fois Chapitre 9. Le nombre de demandes d’autorisation a augmenté et d’autres sont prévues. Certaines zones ont la capacité de capter l’énergie issue des vagues, des courants de marée et des gradients de salinité. Le développement à l’échelle industrielle est actuellement limité.

Des usines houlomotrices et marémotrices pilotes fonctionnent au large de l’Écosse et de l’Irlande depuis plusieurs années, la capacité totale installée atteignant 0,3 GW en 2008. Il faudra probablement attendre quelques années avant de pouvoir exploiter à grande échelle l’énergie marine dans la zone OSPAR, bien que certains pays aient fixé des objectifs pour la production d’énergie marémotrice et houlomotrice. L’Écosse, par exemple, prévoit l’installation d’une capacité de 1,3 GW d’ici 2020. L’impact environnemental de ces techniques, et les mesures d’atténuation nécessaires, risquent de varier selon la technologie utilisée et l’emplacement choisi. La demande croissante en énergie marine renouvelable suggère que la coopération régionale et la planification spatiale marine pourraient représenter des outils importants pour gérer la concurrence pour l’espace dans les zones côtières et de pleine mer et pour minimiser leurs impacts sur le milieu marin.

La séquestration du carbone peut faciliter la transition vers une économie à plus faibles émissions de carbone

La capture, à la source, du carbone provenant de la combustion et son transport dans des réservoirs géologiques du sous-sol marin pourraient permettre d’atténuer le changement climatique au cours des siècles et donc de favoriser la transition vers une économie à plus faibles émissions de carbone. Des gisements pétrolifères et gazifères épuisés de la mer du Nord (Région II) et de la mer de Norvège (Région I) pourraient constituer des réservoirs éventuels. OSPAR et l’UE ont développé un cadre de gestion des risques qu’entraîne le stockage du carbone. Les principaux risques pour l’environnement et la santé humaine sont notamment ceux que présente la possibilité de re-émission dans l’atmosphère du CO2 stocké et, au niveau local, les rejets possibles de CO2 et d’autres substances dans le flux de CO2 vers le milieu marin. Trois projets fonctionnent actuellement dans la zone OSPAR; le projet Sleipner est le plus ancien. Il est essentiel, pour éviter les fuites de CO2 et pour réduire les impacts environnementaux, de sélectionner un bon emplacement et de concevoir un projet en se fondant sur l’évaluation et la surveillance des risques.

Encadré 3.4 Capture et stockage du CO2 dans le gisement de gaz à condensat Sleipner Vest

Le projet d’injection du CO2 de Sleipner en mer du Nord, au large de la côte norvégienne, est le premier de ce type à l’échelle industrielle dans le monde et fonctionne depuis 1996. Environ 1 million de tonnes de CO2 est retiré chaque année du gaz naturel produit par le gisement de gaz à condensat de Sleipner Vest avant son transport à terre. Dès 2008, presque 10 millions de tonnes d’excédent de CO2 étaient injectées dans une couche géologique sableuse, appelée Formation Utsira, gisant entre 800 et 1000 m au-dessous du fond marin. Cette formation est recouverte d’une couche épaisse de schiste qui constitue une barrière efficace contre les fuites de CO2. Il est essentiel, pour la réussite du stockage, de sélectionner un réservoir et un site d’injection adéquats. Des études sismiques et d’autres techniques de surveillance enregistrent la propagation du CO2 et montrent que le CO2 injecté reste en place sans fuite.

Les amendements récents à la Convention OSPAR et l’adoption d’une série de mesures OSPAR rendent possible l’élimination définitive du CO2 dans des réservoirs du sous-sol marin éloignés de la source de sa capture, sous réserve que l’on applique les normes convenues pour l’évaluation et la gestion des risques. Le stockage du CO2 dans la colonne d’eau et sur le fond marin est interdit car il est fort probable qu’il nuise aux organismes vivants et aux écosystèmes marins.

Étude de cas: capture et stockage du CO2 dans le gisement de gaz à condensat Sleipner Vest en mer du Nord

La fertilisation des océans par le fer qui favorise la séquestration naturelle du carbone est une autre stratégie d’atténuation qui a été proposée, mais il est peu probable que ce soit réalisable dans la zone OSPAR car la chimie de l’océan ne convient pas à cette démarche.

On commence à reconnaître l’importance des habitats côtiers, tels que les marais salants, les herbiers et les forêts de laminaires, à titre de puits naturels de carbone (Laffoley et Grimsditch, 2009). Ces habitats pourraient contribuer de manière significative à la séquestration du carbone. Leur gestion et leur conservation pourraient donc faire l’objet d’une attention renouvelée.

Il faut réagir rapidement au risque croissant d’inondations et d’érosion côtière

Quel que soit le niveau d’atténuation que l’on puisse atteindre, l’océan mettra des années à réagir et certains impacts sont inévitables même si la nature et le rythme précis du changement climatique futur sont encore incertains. Le défi est plus grand lorsqu’il s’agit de stratégies d’adaptation pour le milieu marin plutôt que continental car moins d’outils sont disponibles.

La montée du niveau de la mer et la fréquence accrue des tempêtes rendent de nombreuses parties de la ligne côtière plus vulnérables aux inondations et à l’érosion côtière, en particulier dans le sud de la mer du Nord (Région II) et le golfe de Gascogne (Région IV). Il est donc impératif d’adapter les politiques et mesures actuelles de défense côtière. On prévoit une augmentation grave des ondes de tempête en mer du Nord.

L’adaptation de la défense côtière a déjà commencé. Elle comprend des ouvrages d’ingénierie de protection durs, qui consistent à renforcer les structures existantes de défense côtière et à construire des barrières contre les ondes de tempête. Il s’agit aussi d’ouvrages de protection doux qui utilisent des habitats naturels pour dissiper la force des vagues et des marées, tels que le réapprovisionnement des plages à grande échelle et la conversion de terres agricoles en marais salants. Il reste à quantifier, individuellement et cumulativement, les effets de ces mesures sur le milieu marin.