Télécharger12 Résumés régionaux

Région V – Atlantique au large

La Région V est dominée par la haute mer. Sa gestion efficace exige donc une coopération internationale. Seul l’archipel des Açores est peuplé, sa population s’élevant à 250 000 habitants.

La plus grande partie des fonds marins au-delà du talus continental est une plaine abyssale. La plus longue chaîne de montagnes du monde, la dorsale médioatlantique, divise la plaine, s’étendant de l’Islande aux Açores et au-delà. Le talus continental et ces monts sous-marins hébergent des communautés biologiques très diversifiées, comme des récifs de coraux d’eau froide et des communautés d’éponges d’eaux profondes. La dorsale médio-atlantique est une limite tectonique active, dotée en bordure de sources hydrothermales dont les suintements chauds et riches en minéraux font vivre des organismes que l’on commence seulement à connaître.

Des requins, thons et espadons parcourent la haute mer, migrant bien au-delà des limites de la Région V.

À ce jour le pétrole et le gaz ne sont pas exploités dans la Région V, mais la pêche en eaux profondes exerce des pressions sur les écosystèmes. La pêche a tendance à cibler les zones accessibles des fonds marins, à savoir les monts sous-marins isolés et les parties moins profondes de la dorsale médio-atlantique; c’est précisément l’endroit où la biodiversité est probablement la plus riche. Certaines de ces zones sont maintenant protégées. Les espèces halieutiques d’eaux profondes s’avèrent être particulièrement sensibles à l’exploitation.

La Région V est importante pour les tortues de mer menacées d’Europe et pour toute une gamme d’oiseaux de mer océaniques tels que le puffin cendré.

Le QSR 2000 avait conclu que l’état écologique de la Région V était bon mais loin d’être parfait. Le QSR 2000 avait identifié les questions principales suivantes: la surpêche; la mortalité accidentelle importante de poissons et de mammifères marins; le manque d’information sur les impacts du changement climatique; les dégâts causés aux habitats fragiles par les engins de pêche; le développement de l’industrie pétrolière et gazière dans cette région; et les apports croissants de nutriments, de substances dangereuses, d’hydrocarbures et de déchets.

Réussites

Certaine coopération internationale en matière de contrôle de la pêche. La pêche illicite, non réglementée et non déclarée a le potentiel de causer des préoccupations dans la Région V. Les pays coopèrent pour la contrôler en empêchant le débarquement des navires de la liste noire dans leurs ports. Il faut intensifier ces efforts. La Commission des pêcheries de l’Atlantique du Nord-Est (CPANE) réglemente l’usage des filets maillants, les rejets de poissons et les autres impacts sur les poissons, les mammifères marins et les habitats des fonds marins.

Protection des habitats profonds. Certains habitats profonds (y compris Rockall Bank, Hatton Bank, une zone étendue autour des Açores, des parties de la dorsale médio-atlantique et plusieurs monts sous-marins) sont maintenant protégés et fermés au moins temporairement à la pêche profonde grâce aux efforts d’OSPAR, de la CPANE, de l’UE et d’un certain nombre de pays OSPAR.

Préoccupations actuelles

Informations insuffisantes. De nombreuses questions préoccupantes dans la Région V n’ont pas changé depuis 2000, mais les nouvelles informations sont insuffisantes et ne permettent pas de déterminer des tendances depuis 2000. OSPAR devra en particulier promouvoir les programmes de surveillance à long terme, ou en créer de nouveaux, pour les habitats majeurs de la Région V, tels que les marges continentales, les monts sous-marins, la dorsale médio-atlantique et les plaines abyssales.

OSPAR devra se pencher sur des cartes plus détaillées des fonds marins comportant des informations sur l’ampleur des divers habitats, afin de déterminer plus clairement les points focaux des efforts de surveillance.

Lent rétablissement des espèces longévives. On ne connaît pas l’ampleur totale de l’effort de pêche profonde. Les premières mesures de gestion ont été introduites en 2004. Nombre d’espèces d’eaux profondes sont très longévives. L’hoplostète orange, par exemple, peut vivre plus de 100 ans. Leurs populations mettent longtemps à se rétablir lorsqu’elles ont été épuisées à cause de la surpêche. Les espèces de grands mammifères marins, dont les populations ont diminué du fait de leur surexploitation avant les années 1980, se rétablissent très lentement.

Thon rouge en difficulté. L’état des stocks de thon rouge de l’Atlantique Est et de la Méditerranée cause de sérieuses préoccupations. La population a beaucoup décliné au cours de la dernière décennie mais les données sont insuffisantes et ne permettent pas d’évaluer avec certitude le nombre restant d’individus. On estime qu’en 2007 les captures annuelles de thon rouge représentaient le double de celles permises par les autorités de pêche et étaient bien supérieures au niveau que les scientifiques considèrent durable. Une meilleure surveillance semble avoir entraîné une réduction des captures en 2008, mais il faut améliorer sans délai le contrôle et la réglementation de cette pêcherie.

Activité industrielle croissante. L’exploration pétrolière et gazière se poursuit mais la production n’a pas encore atteint la Région V. Une fois que les ressources des marges continentales seront épuisées, les activités d’extraction minière, de pêche et éventuellement d’exploitation d’énergie fossile s’intéresseront à la haute mer. Les activités telles que l’extraction minière dans les fonds marins profonds pourraient avoir des impacts significatifs sur l’environnement et la vie marine sauvage. OSPAR doit recueillir le plus d’informations possible sur cet environnement pour pouvoir dès le début appuyer une gestion protégeant les sites les plus importants et jouissant d’une grande biodiversité.

ZMP en haute mer. Établir des ZMP dans la vaste zone située au-delà des juridictions nationales de la Région V pose un défi, en raison des difficultés à définir de telles zones et à coopérer au niveau international. Plusieurs zones potentielles ont été identifiées dans la Région V, mais il existe d’importants problèmes légaux à prendre en compte lors de la désignation de ces zones en tant que ZMP. La zone de la fracture Charlie Gibbs, partie complexe de la dorsale médio-atlantique, est une zone candidate de la Région V. La zone proposée couvrirait 5% de la Région V, ce qui correspondrait à la zone protégée la plus étendue des Régions OSPAR.