Dans la Région III, presque tous les aspects de la communauté halieutique démersale se sont améliorés au cours des dix dernières années, en particulier au nord. Cette communauté a donc le même statut qu’au début des années 1980, date à laquelle les données commencent à être disponibles. Cependant, la distribution des tailles et l’abondance/biomasse/productivité de la communauté causent encore des préoccupations. La communauté pélagique de la Région III accuse une augmentation du nombre de poissons pélagiques de plus petite taille qui est due aux pressions exercées par la pêche sur leurs prédateurs.
Dans la Région IV, on ne dispose que des données relatives au chalutage de fond sur le plateau continental français. L’état de la plupart des aspects de la communauté halieutique est pire qu’au milieu des années 1980. On a relevé une amélioration des traits d’histoire de vie et de la richesse des espèces au cours des dix dernières années mais les autres indicateurs ont peu changé.
Dans la Région V, on ne dispose que des données relatives au chalutage de fond dans la zone du plateau Rockall Bank. On y relève une amélioration de la diversité des espèces et de la distribution des tailles de la communauté halieutique démersale au cours des dix dernières années alors que l’abondance/biomasse/ productivité ont peu changé.
Au cours des dix dernières années on relève une amélioration de la distribution des tailles, de la richesse et de la régularité des espèces de la communauté halieutique démersale dans les Régions II, III et V, alors que seule la richesse des espèces s’est améliorée dans la Région IV. L’abondance/biomasse/productivité ont peu changé, alors que l’on relève une amélioration des traits d’histoire de vie dans les Régions III et IV. À présent, quatre des cinq indicateurs ont dans l’ensemble le même statut qu’au moment où les données ont commencé à être disponibles pour chaque Région; à l’exception de la distribution des tailles de la communauté. L’évaluation indique dans ce cas qu’un rétablissement complet n’a pas encore été réalisé, en dépit des améliorations récentes.
Les perturbations physiques ont augmenté dans certaines zones et diminué dans d’autres
Les engins de pêche démersale lourds remorqués (par exemple chalut à perche, chalut à panneaux, drague à pétoncle) causent des perturbations physiques considérables aux habitats et communautés des fonds marins. Ils représentent une source majeure de perturbation, sur le plateau continental, d’habitats tels que les bancs de modioles, les colonies de pennatules et mégafaune fouisseuse et les récifs de Sabellaria spinulosa. Les coraux d’eau froide et les monts sous-marins des eaux profondes ont subi des dégâts considérables. On estime qu’entre 30% et 50% des zones de coraux d’eau froide sont affectées par ces impacts dans la mer de Norvège. Sur le plateau de la Région II, le chalutage à perche est responsable d’une réduction de 56% de la biomasse benthique et de 21% de la production benthique par rapport à une situation sans activité de pêche Figure 8.6. La pêche au filet fixe et à la palangre a également affecté les écosystèmes fragiles dont le rétablissement risque de prendre de nombreuses décennies. Certains des habitats fragiles restants ont été protégés en fermant des zones de pêche. Bien que les sédiments moins profonds, plus grossiers et de plus haute énergie récupèrent plus rapidement dans l’ensemble que la vase en eaux plus profondes, le chalutage sur les bancs de sable a également causé des modifications à long terme.
La zone perturbée par la pêche a augmenté dans certaines Régions. Il s’agit par exemple de la Grande Vasière du golfe de Gascogne (Région IV). En mer du Nord (Région II), l’effort de pêche s’est déplacé vers des zones dont l’exploitation était auparavant faible car d’autres zones ont été fermées. On y note cependant une diminution de l’ensemble des heures de pêche. Le chalutage de langoustines a augmenté de 65% dans certaines zones. Le déplacement et les modifications de la distribution de l’effort de pêche peuvent avoir des impacts significatifs qui s’expliquent par les variations locales de la sensibilité des habitats de fonds marins aux perturbations. Il faut tenir compte de ce phénomène si un déclin important dans des zones auparavant très exploitées est compensé par des augmentations même faibles dans des zones qui n’étaient pas ou qui étaient peu exploitées auparavant.
Les activités de pêche affectent la chaîne alimentaire
La modification des activités de pêche, des rejets et de la structure des communautés halieutiques affecte la chaîne alimentaire, et à leur tour les populations de prédateurs et de nécrophages. Il s’agit de rapports complexes, souvent liés à d’autres facteurs. Dans la Région I, il existe un lien étroit entre les dynamiques des populations de cabillaud, de hareng et de capelan dans la mer de Barents. La surexploitation d’une espèce peut donc avoir des effets importants sur la chaîne alimentaire. La gestion de ces stocks est actuellement bien équilibrée. La présence en plus grande quantité de poissons pélagiques de plus petite taille dans la Région III, à la suite des pressions exercées par la pêche sur leurs prédateurs, est liée au déclin de l’abondance du zooplancton Calanus. Les facteurs climatiques jouent également un rôle dans le déclin général de 70% de l’abondance du zooplancton dans l’Atlantique du Nord-Est, depuis les années 1960.
Dans la mer du Nord septentrionale, certains indices montrent que les modifications de la composition et du cycle de reproduction du zooplancton Calanus dans les années 1980 (C. finmarchicus a progressivement été remplacé par C. helgolandicus) ont réduit la productivité du lançon nordique. Le succès de la reproduction de la mouette tridactyle, dans la partie septentrionale de la Région II, semble être lié aux variations de l’abondance locale du lançon, et est susceptible d’être réduit à la suite d’activités de pêche industrielle.
La distribution des oiseaux de mer est fortement influencée par les rejets de poisson dont certaines espèces de nécrophages vivent. Dans la Région IV, on a établi un lien important entre la flotte de pêche démersale dans le golfe de Cadix et la mer cantabrique et la distribution des oiseaux de mer nécrophages.
Certains indices montrent que la pêche a affecté l’évolution génétique d’un certain nombre d’espèces de poisson dans la zone OSPAR, en particulier en ce qui concerne le début de la maturité sexuelle (cabillaud de l’Arctique du Nord-Est et cabillaud, églefin et plie de la mer du Nord), mais aucune évaluation générale des effets sur tous les stocks exploités n’a été réalisée.
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