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Exploitation des ressources
marines vivantes

Dans quelle mesure l’état de santé général est-il affecté?

Trop de stocks halieutiques dépassent les limites biologiques de sécurité

Le CIEM réalise, chaque année, une évaluation de l’état d’environ 130 stocks halieutiques commerciaux dans la zone OSPAR, qui constitue la base de ses conseils sur la gestion des pêcheries à l’intention des autorités pertinentes. Il s’agit d’évaluer les stocks halieutiques individuels du point de vue de la biomasse des géniteurs d’un stock (SSB), qui représente le poids total d’individus du stock capables de se reproduire, et de la mortalité par pêche (F), qui représente les pressions exercées sur le stock par la pêche. Une analyse de 37 stocks de la zone OSPAR couverts par le CIEM, dont une évaluation convenue a été réalisée en 2008, révèle que la SSB d’environ 45% de ces stocks était beaucoup plus élevée en 2007 qu’en 1997, tandis que 60% environ des stocks accusaient une mortalité par pêche beaucoup plus faible Figure 8.4. Cette analyse montre que les paramètres essentiels de nombreux stocks se développent comme souhaité ce qui suggère que les efforts récents de gestion de la pêche ont eu les effets souhaités, à savoir réduire le taux d’exploitation. Cependant, un certain nombre de stocks halieutiques étudiés dans cette analyse restent en dehors des limites biologiques de sécurité selon l’approche de précaution du CIEM.

L’utilisation de la SSB et de la F, dans le cadre de la gestion de la pêche, est assujettie à des points de références définis. Ceux-ci permettent d’exprimer l’état du stock. Dans le cas de la SSB, ces points de référence sont notamment un point limite de référence biologique (Blim) au-dessous duquel on considère que la capacité de reproduction est dépréciée et que le stock risque de s’effondrer, et un point limite de référence de précaution (Bpa) qui est habituellement le point de référence audessous duquel on considère que les stocks se situent en dehors des limites biologiques de sécurité. Depuis 2004, on considère que les stocks dont la SSB est inférieure à Bpa, mais supérieure à Blim, risquent de posséder une capacité de reproduction réduite. Les points de référence pour la mortalité par pêche (Flim et Fpa) déterminent si les taux d’exploitation sont durables; lorsque la mortalité par pêche d’un stock est supérieure à Flim, son exploitation n’est pas durable. Si la SSB est maintenue au-dessus de la limite de précaution convenue (Bpa), il est probable que le stock n’atteindra pas un point d’effondrement grave. La meilleure manière d’y parvenir est de s’assurer que la mortalité par pêche est inférieure aux niveaux qui, à long terme, entraîneraient une SSB inférieure à la limite de précaution convenue. Le nombre de stocks, évalués par le CIEM entre 2003 et 2009, dépassant les limites biologiques de sécurité (c’est-à-dire inférieurs à la limite de précaution Bpa) variait entre 23 et 28 alors que de 8 à 11 des stocks évalués se situaient dans les limites biologiques de sécurité Figure 8.5. En 2006, environ 20% des captures de poisson dans les eaux gérées par l’UE provenaient de stocks dépassant les limites biologiques de sécurité.

La meilleure gestion des stocks dépend des avancées scientifiques et de la qualité des données

Une des restrictions importantes des évaluations des stocks par le CIEM est que les points de référence sont déterminés seulement pour les stocks pour lesquels on dispose de données suffisantes. L’état de 48 à 56 stocks est considéré comme inconnu, entre 2003 et 2009, car les données sont insuffisantes Figure 8.5. Les réformes entreprises dans le cadre de la Politique commune de la pêche de l’UE ont rendu plus transparentes les modalités de fourniture des avis pour la gestion de la pêche, ont permis d’impliquer les parties prenantes et de prendre en compte les caractéristiques des écosystèmes. Ces avancées sont positives mais elles exigent de la part de la science halieutique de plus en plus d’informations et une meilleure précision. Les conseils du CIEM dans ce domaine sont généralement suivis lors de la détermination des TAC pour l’année suivante. Pour de nombreux stocks les conseils sont fondés sur des données scientifiques moins robustes et des statistiques de captures historiques, qui fournissent des indications sur l’évolution du stock.

L’état des stocks et les capacités d’évaluation varient d’une Région à l’autre

En mer du Nord, OSPAR a fixé un Objectif de qualité écologique (EcoQO) pour les stocks halieutiques commerciaux, qui se fonde sur les points de référence pour la SSB. Ces derniers ont été déterminés pour 15 stocks représentant environ 20% du total des débarquements dans la Région.

Figure 8.4 Proportion des stocks...

Figure 8.5 État des stocks évalués par le CIEM...

Encadré 8.3 Les stocks halieutiques commerciaux en mer du Nord ont-ils des niveaux durables?

EcoQO pour la mer du Nord: Maintenir la biomasse des géniteurs d’un stock au-dessus des points de référence de précaution pour les stocks halieutiques commerciaux lorsqu’ils ont été fixés par l’autorité compétente de gestion de la pêche.

L’EcoQO d’OSPAR pour les espèces halieutiques commerciales prévoit de les maintenir à des niveaux sûrs grâce à une gestion des pêches basée sur le principe de précaution. Cet EcoQO se fonde sur les évaluations de l’état des stocks halieutiques commerciaux utilisées dans la gestion des pêches.

On trouvera ci-après l’état de la SSB entre 1998 et 2009, relativement à l’EcoQO, en ce qui concerne les stocks pour lesquels des points de référence ont été déterminés. Les évaluations de la mortalité par pêche sont également présentées. L’état de plusieurs stocks halieutiques de la Région II s’est amélioré depuis 1998, y compris celui de la plie et du merlu, qui ont tous deux fait l’objet de plans de reconstitution dans le cadre de la Politique commune de la pêche de l’UE.

L’état des stocks de cabillaud dans l’ensemble de la mer du Nord continue cependant à causer des préoccupations car la SSB, ainsi que la mortalité par pêche, ne se situent pas encore dans des limites durables. En 2009, la SSB du hareng de la mer du Nord se situait au-dessous de la limite de précaution, bien que les pressions exercées par la pêche aient diminué. Des pressions excessives exercées sur le maquereau (stock combiné) augmentent le risque pour la SSB de se situer au-dessous de la limite de précaution. On considère que le stock de maquereau de la mer du Nord dans les eaux de l’UE, qui est évalué dans un stock combiné, est épuisé depuis les années 1970. Les populations de hareng et de maquereau jouent un rôle majeur dans la structure et le fonctionnement des écosystèmes en mer du Nord. Le stock de merlan de la mer du Nord et de la Manche Est fait partie des onze autres stocks de la Région II, dont l’état est incertain en raison d’un manque de points de référence ou de donneés inadéquates.

Évaluation du système des EcoQO pour la mer du Nord

Pour d’autres Régions, la disponibilité des points de référence varie Tableau 8.2. Dans la Région I, une grande partie des débarquements proviennent de stocks possédant des points de référence définis et seuls deux stocks se situaient hors des limites de sécurité en 2009, selon le CIEM. Pour les Régions III et IV, des points de référence ont été déterminés pour un nombre relativement faible de stocks et l’évaluation d’une grande partie des stocks se fonde sur d’autres critères. On considère, par exemple, que les stocks de merlan à l’ouest de l’Écosse et de la mer d’Irlande sont épuisés, en se fondant sur des informations relatives aux captures et aux débarquements historiques. De même, aucune évaluation du stock de hareng à l’ouest de l’Irlande et de la mer celtique n’a été réalisée par rapport aux points de référence depuis 2003. Le CIEM a recommandé cependant soit de mettre en place un plan de reconstitution des stocks, soit de fermer la zone à la pêche. Un plan de gestion a été mis en place pour le hareng de la mer celtique en 2009. Certains plans de reconstitution, mis en place dans ces régions, commencent à montrer des effets positifs, par exemple l’état du stock septentrional de merlu s’est amélioré dans les Régions III et IV, mais celui du cabillaud dans les Régions II et III est médiocre et continue à causer des préoccupations.

Tableau 8.2

État de la biomasse des géniteurs...

Encadré 8.4 Résultats contrastés après une décennie de mesures pour reconstituer le cabillaud de la mer d’Irlande et le merlu du nord

Le CIEM a déclaré, en 1999, que les stocks de cabillaud de la mer d’Irlande et de merlu du nord se situaient en dehors des limites biologiques de sécurité. Le CIEM conseilla de réduire la mortalité par pêche, de développer et de mettre en œuvre, le plus rapidement possible, des plans de reconstitution pour ces deux espèces. Cette démarche a marqué le début de l’ère des plans de reconstitution qui ont été mis en œuvre avec l’engagement des parties prenantes. Les stocks sont actuellement gérés par une combinaison de mesures: la détermination de TAC, la fermeture de zones, des mesures techniques et des restrictions de l’effort de pêche.

Les frayères du cabillaud dans la mer d’Irlande ont été fermées pendant dix semaines, à partir de la mi-février en l’an 2000, afin de maximaliser sa reproduction. Des modifications ultérieures, entre 2001 et 2003, ont limité les fermetures à l’ouest de la mer d’Irlande, accompagnées de modifications de la conception des chaluts afin d’améliorer la sélectivité. En 2004, et de nouveau en 2008, l’UE a introduit un nouveau plan de reconstitution du cabillaud qui fixe les règlements pour déterminer les TAC et un régime d’effort de pêche. Ces mesures n’ont pas permis de reconstituer le stock de cabillaud. Le CIEM considérait, en 2009, que ce stock avait une capacité de reproduction réduite et que son exploitation n’était pas durable.

Un Plan d’urgence de l’UE a été mis en œuvre pour les stocks de merlu du nord en juin 2001. Il déterminait deux zones, au sud-ouest de l’Irlande et dans le golfe de Gascogne, dans lesquelles tous les chaluts à panneaux devaient utiliser des filets d’un maillage de 100 mm. De plus, une zone biologiquement sensible a été créée au large du sud-ouest de l’Irlande dans laquelle l’effort de pêche fait l’objet de contrôle. Le plan de reconstitution, adopté en 2005 et fixant une cible de mortalité par pêche de 0,25, permet de fixer des limites de capture convenant à la reconstitution des stocks. Le repeuplement du stock de merlu du nord a été relativement stable au cours des dix dernières années et depuis 2006, le CIEM considère que le merlu du nord a une capacité de reproduction normale et que son exploitation est durable.

On dispose de peu de données sur la plupart des stocks d’eaux profondes de la Région V et il n’est donc pas possible d’entreprendre des évaluations analytiques. De nombreuses espèces d’eaux profondes sont particulièrement sensibles à l’exploitation car leurs croissance et reproduction sont lentes. Certaines espèces s’agrègent autour de caractéristiques spécifiques d’habitat, tels que les monts sous-marins, ce qui les rend vulnérables à l’exploitation. OSPAR a inscrit l’hoplostète orange sur sa liste d’espèces menacées et/ou en déclin. Il existe des preuves solides de l’épuisement de certaines espèces halieutiques d’eaux profondes autour du talus continental dans la Région V. Les conseils actuels du CIEM insistent sur la vulnérabilité rémanente d’un certain nombre de stocks d’eaux profondes. Le CIEM conseille, par exemple, d’éviter toute pêche directe de la lingue bleue en 2009 et 2010, et de ne pas permettre l’expansion de la pêche du phycis de fond, du sabre noir et de la grande argentine, à moins que l’on puisse démontrer qu’elle est durable. La pêche à la palangre semble avoir épuisé les populations de sébaste géant sur la partie septentrionale de la dorsale médio-atlantique.

Plusieurs stocks pélagiques d’une importance commerciale chevauchent plusieurs Régions. Il s’agit notamment du merlan bleu, du maquereau, du hareng et du thon rouge septentrional. C’est l’état du thon rouge septentrional qui cause le plus de préoccupations dans l’Atlantique oriental et la Méditerranée. Selon les estimations de 2008, sa SSB a baissé de 70% depuis 1950, ce déclin s’étant produit en majeure partie au cours des dix dernières années. On estime que la mortalité par pêche correspondait en 2006 à plus de trois fois celle que le stock peut subir et que les captures ont été ramenées à un niveau se situant dans le TAC fixé pour 2008, à la suite d’un contrôle intense dans les eaux de l’UE et de la Méditerranée. La CICTA a adopté des TAC, pour la période de 2009 à 2011, qui diminuent progressivement mais des réductions supplémentaires importantes sont nécessaires pour progresser dans le sens des niveaux durables. La distribution du maquereau a changé de manière spectaculaire au cours de ces dernières années, les individus immatures aussi bien que matures se déplaçant vers le nord et l’ouest, déplacement qui correspond aux modifications de la température de la surface de la mer. Cette situation rend difficile la répartition des quotas et les études scientifiques sous-jacentes.

La structure des communautés halieutiques démersales a subi quelques améliorations

La structure des communautés halieutiques a été affectée par la pêche, qui modifie la distribution des tailles; certaines espèces ne sont plus présentes dans certaines zones car leur taux de mortalité n’était pas durable (par exemple le pocheteau gris dans la Région II). Plusieurs caractéristiques d’une communauté halieutique peuvent être indicatrices de son état écologique général. Il s’agit par exemple de l’abondance/biomasse/productivité, de la distribution des tailles, de la richesse, et régularité des espèces, et des traits d’histoire de vie (tels que l’âge, la longueur à maturité, le taux de croissance ou la taille définitive du corps). OSPAR a fixé un EcoQO pour indiquer l’état écologique général de la communauté halieutique démersale dans la Région II, se fondant sur la distribution des tailles. Une évaluation des données sur le chalutage de fond, à l’intention du QSR, révèle que sa distribution des tailles n’atteint pas encore le niveau de l’EcoQO mais l’analyse d’autres caractéristiques montre que dans l’ensemble, l’état écologique de la communauté halieutique démersale de la mer du Nord s’est amélioré depuis 2000.

Encadré 8.5 EcoQO OSPAR pour la distribution de la taille des communautés halieutiques

EcoQO pour la mer du Nord: Au moins 30% des poissons (par poids) devraient dépasser 40 cm de longueur.

La taille moyenne des poissons dans une communauté peut indiquer l’impact exercé par la pêche. En effet, il est plus probable que les captures d’espèces halieutiques portent sur des espèces de plus grande taille et des individus plus gros et plus vieux que sur des espèces et des individus plus petits. L’abondance relative des espèces de petite taille et à maturité précoce augmente donc à la suite d’une surpêche. Ce phénomène peut être surveillé grâce aux modifications de la longueur moyenne annuelle des poissons dans les captures, en utilisant des espèces des campagnes internationales de chalutage de fond (IBTS) coordonnées chaque année par le CIEM en mer du Nord. La période de référence pour l’EcoQO est le début des années 1980, période à laquelle les évaluations des stocks suggèrent qu’il n’y avait pas de surexploitation et que le niveau de la pêche était durable. L’analyse de la « Scottish August Groundfish Survey » (SAGFS), campagne de longue date qui s’est terminée en 1997, confirme que le fait que 30% des poissons aient une longueur supérieure à 40 cm représente une cible de gestion appropriée. A partir du début des années 1980, la proportion de poissons démersaux dans la mer du Nord, dont la taille est supérieure à 40 cm, est passée d’environ 30% à son point le plus bas, soit moins de 5%, en 2001. La proportion de gros poissons démersaux s’est ensuite rétablie pour atteindre environ 22% en 2008. Il s’agit là d’une amélioration mais on est encore loin d’atteindre l’EcoQO.

Évaluation du système des EcoQO pour la mer du Nord

Dans la Région III, presque tous les aspects de la communauté halieutique démersale se sont améliorés au cours des dix dernières années, en particulier au nord. Cette communauté a donc le même statut qu’au début des années 1980, date à laquelle les données commencent à être disponibles. Cependant, la distribution des tailles et l’abondance/biomasse/productivité de la communauté causent encore des préoccupations. La communauté pélagique de la Région III accuse une augmentation du nombre de poissons pélagiques de plus petite taille qui est due aux pressions exercées par la pêche sur leurs prédateurs.

Dans la Région IV, on ne dispose que des données relatives au chalutage de fond sur le plateau continental français. L’état de la plupart des aspects de la communauté halieutique est pire qu’au milieu des années 1980. On a relevé une amélioration des traits d’histoire de vie et de la richesse des espèces au cours des dix dernières années mais les autres indicateurs ont peu changé.

Dans la Région V, on ne dispose que des données relatives au chalutage de fond dans la zone du plateau Rockall Bank. On y relève une amélioration de la diversité des espèces et de la distribution des tailles de la communauté halieutique démersale au cours des dix dernières années alors que l’abondance/biomasse/ productivité ont peu changé.

Au cours des dix dernières années on relève une amélioration de la distribution des tailles, de la richesse et de la régularité des espèces de la communauté halieutique démersale dans les Régions II, III et V, alors que seule la richesse des espèces s’est améliorée dans la Région IV. L’abondance/biomasse/productivité ont peu changé, alors que l’on relève une amélioration des traits d’histoire de vie dans les Régions III et IV. À présent, quatre des cinq indicateurs ont dans l’ensemble le même statut qu’au moment où les données ont commencé à être disponibles pour chaque Région; à l’exception de la distribution des tailles de la communauté. L’évaluation indique dans ce cas qu’un rétablissement complet n’a pas encore été réalisé, en dépit des améliorations récentes.

Les perturbations physiques ont augmenté dans certaines zones et diminué dans d’autres

Les engins de pêche démersale lourds remorqués (par exemple chalut à perche, chalut à panneaux, drague à pétoncle) causent des perturbations physiques considérables aux habitats et communautés des fonds marins. Ils représentent une source majeure de perturbation, sur le plateau continental, d’habitats tels que les bancs de modioles, les colonies de pennatules et mégafaune fouisseuse et les récifs de Sabellaria spinulosa. Les coraux d’eau froide et les monts sous-marins des eaux profondes ont subi des dégâts considérables. On estime qu’entre 30% et 50% des zones de coraux d’eau froide sont affectées par ces impacts dans la mer de Norvège. Sur le plateau de la Région II, le chalutage à perche est responsable d’une réduction de 56% de la biomasse benthique et de 21% de la production benthique par rapport à une situation sans activité de pêche Figure 8.6. La pêche au filet fixe et à la palangre a également affecté les écosystèmes fragiles dont le rétablissement risque de prendre de nombreuses décennies. Certains des habitats fragiles restants ont été protégés en fermant des zones de pêche. Bien que les sédiments moins profonds, plus grossiers et de plus haute énergie récupèrent plus rapidement dans l’ensemble que la vase en eaux plus profondes, le chalutage sur les bancs de sable a également causé des modifications à long terme.

La zone perturbée par la pêche a augmenté dans certaines Régions. Il s’agit par exemple de la Grande Vasière du golfe de Gascogne (Région IV). En mer du Nord (Région II), l’effort de pêche s’est déplacé vers des zones dont l’exploitation était auparavant faible car d’autres zones ont été fermées. On y note cependant une diminution de l’ensemble des heures de pêche. Le chalutage de langoustines a augmenté de 65% dans certaines zones. Le déplacement et les modifications de la distribution de l’effort de pêche peuvent avoir des impacts significatifs qui s’expliquent par les variations locales de la sensibilité des habitats de fonds marins aux perturbations. Il faut tenir compte de ce phénomène si un déclin important dans des zones auparavant très exploitées est compensé par des augmentations même faibles dans des zones qui n’étaient pas ou qui étaient peu exploitées auparavant.

Les activités de pêche affectent la chaîne alimentaire

La modification des activités de pêche, des rejets et de la structure des communautés halieutiques affecte la chaîne alimentaire, et à leur tour les populations de prédateurs et de nécrophages. Il s’agit de rapports complexes, souvent liés à d’autres facteurs. Dans la Région I, il existe un lien étroit entre les dynamiques des populations de cabillaud, de hareng et de capelan dans la mer de Barents. La surexploitation d’une espèce peut donc avoir des effets importants sur la chaîne alimentaire. La gestion de ces stocks est actuellement bien équilibrée. La présence en plus grande quantité de poissons pélagiques de plus petite taille dans la Région III, à la suite des pressions exercées par la pêche sur leurs prédateurs, est liée au déclin de l’abondance du zooplancton Calanus. Les facteurs climatiques jouent également un rôle dans le déclin général de 70% de l’abondance du zooplancton dans l’Atlantique du Nord-Est, depuis les années 1960.

Dans la mer du Nord septentrionale, certains indices montrent que les modifications de la composition et du cycle de reproduction du zooplancton Calanus dans les années 1980 (C. finmarchicus a progressivement été remplacé par C. helgolandicus) ont réduit la productivité du lançon nordique. Le succès de la reproduction de la mouette tridactyle, dans la partie septentrionale de la Région II, semble être lié aux variations de l’abondance locale du lançon, et est susceptible d’être réduit à la suite d’activités de pêche industrielle.

La distribution des oiseaux de mer est fortement influencée par les rejets de poisson dont certaines espèces de nécrophages vivent. Dans la Région IV, on a établi un lien important entre la flotte de pêche démersale dans le golfe de Cadix et la mer cantabrique et la distribution des oiseaux de mer nécrophages.

Certains indices montrent que la pêche a affecté l’évolution génétique d’un certain nombre d’espèces de poisson dans la zone OSPAR, en particulier en ce qui concerne le début de la maturité sexuelle (cabillaud de l’Arctique du Nord-Est et cabillaud, églefin et plie de la mer du Nord), mais aucune évaluation générale des effets sur tous les stocks exploités n’a été réalisée.