Télécharger4 Eutrophisation

De quels problèmes s’agit-il?

L’eutrophisation affecte les écosystèmes marins de plusieurs manières

L’eutrophisation est un problème qui affecte principalement les zones côtières et les zones à faible échange d’eau, telles que les estuaires et les baies fermées. L’eutrophisation entraîne des modifications de la composition des communautés animales et végétales et encourage généralement la croissance d’espèces d’algues et d’animaux opportunistes à reproduction rapide Figure 4.1. Les espèces d’algues opportunistes ne présentent pas toujours une menace mais certaines d’entre elles peuvent avoir des effets préjudiciables sur les écosystèmes. La présence en masse de phytoplancton réduit également la pénétration de la lumière à une profondeur où se trouvent des espèces d’herbiers longévives. Lorsque les nutriments sont épuisés, les efflorescences algales liées à l’enrichissement en nutriments se décomposent causant un appauvrissement en oxygène et éventuellement la mort de poissons et d’invertébrés benthiques et la formation de gaz toxique, l’hydrogène sulfuré (H2S).

L’eutrophisation a des impacts sur les écosystèmes mais peut également affecter les activités humaines. Les efflorescences algales peuvent, par exemple, colmater les filets de pêche. La décomposition de certaines efflorescences algales peut conduire à la formation d’écume inesthétique et nauséabonde sur les plages qui affecte le tourisme et les loisirs. Certaines algues produisent des toxines dangereuses pour l’homme à la suite de la consommation de coquillages contaminés, mais on ne peut pas déterminer, avec certitude, un lien avec l’enrichissement en nutriments.

L’excès de nutriments provient de sources telluriques et marines

Les fleuves sont les principales voies de pénétration de l’excès de nutriments dans les Régions II, III et IV, recueillant des rejets directs à partir de sources ponctuelles, telles que les usines de traitement des eaux usées et l’industrie, et des apports provenant des eaux de ruissellement et de la lixiviation à terre essentiellement dus à l’agriculture. La quantité des nutriments provenant de sources telluriques varie selon l’utilisation de la terre et la densité de la population. Les sources ponctuelles sont généralement prédominantes dans les zones urbaines alors que les sources diffuses prédominent dans les zones agricoles. Celles-ci couvrent environ la moitié du territoire de nombreux pays OSPAR, atteignant 60% à 70% dans certains pays en bordure des Régions II et III. En raison du taux de renouvellement dans les sols et les sédiments, les nutriments peuvent être libérés dans le milieu marin des dizaines d’années après qu’on ait réduit leurs sources. Les substances dangereuses représentent un autre facteur confondant potentiel, certaines d’entre elles, comme les produits antisalissure, peuvent avoir un effet potentiel sur la croissance algale et donc sur l’eutrophisation. Le transport transfrontalier de nutriments par les courants océaniques est particulièrement important dans la Région II.

Les retombées atmosphériques sont une voie de pénétration importante de l’azote dans la mer et sont en général plus importantes à proximité des sources d’émission. L’azote émis dans l’atmosphère vient de l’agriculture et des processus de combustion liés à l’industrie et au transport, y compris la navigation. Il peut ensuite être transporté par le vent vers des sites où il se dépose loin des sources d’émission. Les retombées atmosphériques sont la principale voie de pénétration des apports anthropiques d’azote dans les Régions I et V, loin de la plupart des sources ponctuelles de pollution.

Le changement climatique risque d’altérer les impacts

On prévoit que les pluies et les inondations plus abondantes résultant du changement climatique vont accentuer l’enrichissement en nutriments en augmentant les apports d’eau douce et de ruissellement provenant de la terre Chapitre 3. Il est probable que l’augmentation de la température de la mer et une stratification prolongée entraînent une présence plus importante d’efflorescences algales nuisibles et des modifications de la composition du phytoplancton. L’acidification des océans risque également d’engendrer des modifications de la composition du plancton. Des observations récentes du déclin de la laminaire sucrée le long de la côte méridionale de la Norvège indiquent des interactions éventuelles entre le changement climatique et l’eutrophisation. Une meilleure compréhension de ces interactions sera importante pour les futurs travaux d’OSPAR sur l’eutrophisation.

Figure 4.1 Sources des apports de nutriments...

Encadré 4.1 Forêts de laminaires sucrées en déclin sur la côte norvégienne

Les études des forêts de laminaires sucrées, réalisées entre 1996 et 2006 par l’Institut norvégien de l’eau, ont révélé un déclin spectaculaire de leur abondance le long des côtes norvégiennes. Cette abondance a diminué de 40% sur la côte occidentale et de 80% sur la côte méridionale (Skagerrak). Ce déclin est plus prononcé dans les eaux abritées où les forêts de laminaires sucrées ont été remplacées sur de grandes étendues par des communautés de vasières dominées par des algues filamenteuses.

Cette modification de la végétation est probablement due à une eutrophisation à long terme (apports transfrontaliers ainsi qu’apports locaux de nutriments) conjuguée aux récents évènements climatiques ayant entraîné une augmentation de la température de la mer. Le déclin de la laminaire sucrée fait suite à des étés exceptionnellement chauds. L’eutrophisation risque également d’avoir eu des effets négatifs sur le recrutement de nouvelles plantes sur la côte du Skagerrak.

Les forêts de laminaires sont des communautés très productives et diverses, hébergeant divers organismes et représentent des zones importantes d’alimentation et de reproduction pour de nombreuses espèces de poisson. Inversement les communautés de vasières offrent moins de nourriture et d’abri. Les conséquences écologiques et économiques de ces modifications dans la zone côtière sont incertaines. Les estimations suggèrent que la perte des forêts de laminaires sucrées entraîne un déficit de 50 000 tonnes de biomasse de poisson et de capacité de capture de CO2 d’une valeur de 11 millions d’euros (sur la base de 18 euros par tonne de CO2).

L'impact du changement climatique sur l'état d'eutrophisation