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Ces mesures ont-elles réussi?

L’objectif de réduction de 50% a surtout été atteint pour le phosphore mais pas pour l’azote

Les rejets et pertes de nutriments, provenant de sources ponctuelles et diffuses, dans les eaux des zones à problème d’eutrophisation, ont progressivement diminué dans les Régions II et III au cours des 20 à 25 dernières années Figure 4.2. En 1995, délai convenu à l’origine, la plupart des pays de la Région II étaient parvenus à une réduction de 50% des rejets de phosphore par rapport à 1985. Il n’en était pas de même pour l’azote et les pays OSPAR s’étaient engagés à parvenir à l’objectif de réduction de 50% au-delà de 1995. Des efforts continus ont maintenant permis de parvenir à des réductions supplémentaires substantielles des rejets de phosphore dans plusieurs pays, jusqu’à 85% par rapport à 1985. La réduction des rejets et pertes d’azote dans la mer du Nord a également progressé depuis 1995, le Danemark étant parvenu à la réduction de 50% et l’Allemagne et les Pays-Bas s’en approchant. Les pays OSPAR devront faire des efforts supplémentaires, en particulier pour réduire les apports d’azote dans les zones où subsistent des problèmes d’eutrophisation. Des réductions différentes des apports d’azote et de phosphore peuvent altérer les rapports azote/phosphore dans l’eau de mer et entraîner ainsi des modifications de la composition des espèces algales, les flagellés pouvant par exemple remplacer les diatomées.

Les rejets provenant de sources ponctuelles sont en baisse mais les eaux d’égout posent encore des problèmes

Quatre pays ont notifié des réductions, de plus de 80% des rejets d’azote et de phosphore provenant de l’industrie, dans les zones à problème d’eutrophisation entre 1985 et 2005. L’Allemagne (pour l’azote et le phosphore) et les Pays-Bas (pour le phosphore) ont fait part de réductions de plus de 90%. Les eaux urbaines résiduaires représentent une autre source importante de rejets de nutriments et les efforts de recueil et de traitement des eaux usées domestiques et industrielles se poursuivent. La plupart des foyers des pays OSPAR sont maintenant raccordés aux usines de traitement des eaux urbaines résiduaires et nombre d’entre elles éliminent l’azote et le phosphore grâce à un traitement biologique et chimique. Néanmoins, les eaux d’égout constituent encore la principale source de phosphore dans le milieu marin: elles contribuent à un quart de l’azote total rejeté dans les zones à problème des Régions II et III Figure 4.3. Il est essentiel de mettre en œuvre pleinement la Directive eaux urbaines résiduaires de l’UE pour pouvoir réaliser des réductions supplémentaires.

Il faut s’attaquer aux pertes d’azote provenant de l’agriculture

En 2005, presque deux tiers de l’azote et un tiers du phosphore rejetés dans les zones à problème d’eutrophisation des Régions II et III proviennent de sources agricoles Figure 4.3. Les progrès réalisés depuis 1985 dans la réduction de la perte en nutriments de l’agriculture, varient d’un pays OSPAR à l’autre et sont plus marqués pour le phosphore. Certains pays ont réduit les pertes d’azote d’environ un quart alors que d’autres ont notifié des progrès minimes, voire de petites augmentations. Il est difficile de prédire les tendances futures de l’utilisation des engrais et des rejets d’azote correspondants provenant de l’agriculture. Il faudra cependant suivre de près l’expansion de la production de biocarburants, afin de parvenir aux objectifs de l’UE sur l’énergie renouvelable, et l’intensification prévue de la production de cultures vivrières au titre des impacts éventuels sur l’état d’eutrophisation des zones côtières. La réforme de la Politique agricole commune offre la possibilité de promouvoir des programmes agroécologiques destinés à réduire les pertes en nutriments vers les eaux de surface. Afin de réduire les apports agricoles dans les zones à problème d’eutrophisation, il est essentiel que les pays mettent pleinement en œuvre les mesures de réduction dans le cadre de la Directive Nitrates de l’UE, en tenant compte de l’eutrophisation marine, et de la Directive cadre sur l’eau de l’UE. OSPAR devrait évaluer, en utilisant une modélisation et en coopération avec l’UE, si ces mesures permettent de parvenir au statut de zone sans problème.

Les tendances des apports fluviaux et directs sont essentiellement en baisse

Les fleuves recueillent les nutriments rejetés et perdus provenant de toutes les sources telluriques, ponctuelles et diffuses dans le bassin hydrographique et contribuent à la plupart des apports aquatiques d’azote et de phosphore dans les Régions II, III et IV. La surveillance révèle que les apports fluviaux et les rejets directs d’azote dans la mer ont baissé dans des degrés variables depuis 1990 Figure 4.4. Il en est de même pour les apports de phosphore, bien que les réductions soient en général plus prononcées que pour l’azote.

Les diminutions importantes des quantités d’azote transportées par l’Elbe et le Rhin et des quantités de phosphore transportées par la Seine, l’Elbe, le Rhin et la Meuse expliquent la réduction notable des apports fluviaux à la Région II depuis 1990. Les rejets directs de phosphore pour la même période ont subi une réduction significative, ce qui n’est pas le cas pour les rejets d’azote.

Il n’existe aucune tendance claire pour les apports fluviaux dans les Régions III et IV entre 1990 et 2006, mais les rejets directs dans la Région III révèlent une tendance significative à la baisse, atteignant 50% pour le phosphore. Dans la Région I, les charges totales de nutriments sont faibles par rapport à celles des autres Régions et demeurent inchangées entre 2000 et 2006 car l’augmentation des rejets provenant de la mariculture compense la réduction des apports fluviaux.

Les réductions des émissions d’azote dans l’air sont limitées et les apports atmosphériques restent élevés

Les émissions atmosphériques d’azote dans l’ensemble de la zone de la Convention OSPAR s’élèvent à plus de 4600 kt en 2006, les principaux secteurs responsables étant la combustion provenant des centrales électriques, de l’industrie et des processus industriels, l’agriculture et le transport, navigation internationale incluse Figure 4.5. Les émissions d’oxydes d’azote ont baissé de 20% entre 1998 et 2006, grâce essentiellement à la lutte antipollution dans l’industrie et aux normes plus strictes en matière d’émissions des véhicules motorisés. En revanche, les émissions d’azote réduit, qui sont presque entièrement attribuables à l’agriculture, n’ont baissé que de 10%.

On estime que ce sont l’agriculture et la combustion qui ont le plus contribué aux retombées atmosphériques d’azote dans la zone OSPAR en 2006 Tableau 4.2. Les émissions d’azote provenant de la navigation maritime internationale en hausse, dans la mer du Nord et l’Atlantique, ont augmenté de plus de 20% depuis 1998 pour passer à 560 kt en 2006; elles sont responsables de 10% de la totalité des retombées atmosphériques d’azote dans la zone OSPAR.

Selon les estimations des modèles, la Région II reçoit la plupart des retombées atmosphériques d’azote, comme l’on peut s’y attendre à en juger par le niveau élevé des activités industrielles et agricoles dans ses zones côtières et son intense trafic maritime Figure 4.6. La modélisation ne révèle aucune tendance significative des apports atmosphériques dans la zone OSPAR entre 1998 et 2006. Ceci est étayé par les observations côtières faites sur l’azote présent dans les précipitations de la Région II, qui ont peu changé durant cette période. La surveillance révèle également une augmentation des teneurs atmosphériques en ammonium et en nitrate, dans les Régions I et II, et en nitrate dans les précipitations, dans la Région IV. Il faut s’efforcer de réduire les émissions provenant de l’agriculture, des processus de combustion et du transport, et de s’attaquer aux émissions provenant du trafic maritime de plus en plus intense.

Figure 4.2 Réduction des rejets et pertes de nutriments...

Figure 4.3 Contribution relative des sources de rejets et de pertes...

Figure 4.4 Apports fluviaux et rejets directs annuels d’azote...

Figure 4.5 Contributions relatives des principaux secteurs aux émissions atmosphériques...

Tableau 4.2

Pourcentage de contribution relative des différents secteurs d’émission...

Figure 4.6 Retombées atmosphériques totales d’azote...