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Dans quelle mesure l’état de santé général est-il affecté?

L’eutrophisation présente encore un problème dans les Régions II, III et IV

Au cours de la dernière période d’évaluation (2001–2005), l’obtention d’un milieu marin sain, exempt d’eutrophisation, n’a pas été atteint, et ne le sera qu’en partie en 2010. L’enrichissement en nutriments d’origine anthropique des eaux marines pose encore des problèmes d’eutrophisation dans des zones de la Région II, et dans certains estuaires et baies des Régions III et IV. Les Régions I et V ne sont pas affectées par l’eutrophisation Figure 4.7.

Nombre d’indicateurs, pris en compte lors de l’évaluation de l’eutrophisation, se situent au-dessus de l’écart acceptable par rapport aux conditions ambiantes. Les teneurs en nutriments, en chlorophylle et en oxygène sont les indicateurs les plus couramment utilisés dans l’ensemble de la zone OSPAR. Les problèmes d’eutrophisation sont plus visibles dans les zones côtières, à savoir proches des principales sources de nutriments, et où les conditions environnementales (brassage restreint, remise en suspension des nutriments dans les eaux peu profondes) en font des zones sensibles à l’eutrophisation. Au large, la dilution permet en général d’obtenir des teneurs plus faibles en nutriments, mais l’origine de ces nutriments est moins claire en raison de leur transport par les courants océaniques.

La Région II est la plus affectée

L’état d’eutrophisation de la Région II n’est pas très différent au cours de la dernière période d’évaluation (2001–2005) de celui relevé au cours de la première période d’évaluation (1990–2000) dans le cadre de la Procédure commune. La Région II est la région la plus affectée, avec de grandes zones situées le long de la côte continentale, allant de la France à la Norvège et la Suède, et plusieurs zones estuariennes sur la côte britannique de la mer du Nord étant encore affectées par l’eutrophisation Figure 4.7.

Entre 2001 et 2005, l’eutrophisation a eu des effets graves dans diverses zones côtières, avec des impacts préjudiciables sur les écosystèmes et la société:

  • Dans certains estuaires des Pays-Bas la mortalité de moules de culture et d’animaux benthiques a été attribuée à la décomposition d’énormes efflorescences algales.
  • La mortalité de poissons et d’invertébrés dans des fjords et des estuaires de la Suède et du Danemark a été attribuée à un appauvrissement important en oxygène. Des mortalités d’invertébrés benthiques ont été également observées dans les fjords de Norvège.
  • L’hydrogène sulfuré, gaz toxique dégagé par la laitue de mer en décomposition, qui prolifère sur les plages de Bretagne, a eu des impacts sérieux sur la santé de la population locale et des touristes.
  • On estime que l’écume algale sur les plages de Belgique entraîne un déficit économique de 0,5% de ses recettes annuelles dans l’industrie du tourisme.

Bien que la plupart des zones sans problème se trouvent au large, plusieurs zones côtières sont également classées comme zones sans problème. Malgré des teneurs en nutriments élevées dans ces eaux, par exemple sur la côte orientale de l’Angleterre, des facteurs environnementaux tels qu’une turbidité élevée empêchent la croissance des algues et le développement de perturbations indésirables de l’équilibre des organismes et de la qualité de l’eau.

Quelques modifications de l’état d’eutrophisation dans la Région II

L’état d’eutrophisation de plusieurs zones de la Région II a changé à la suite de la classification la plus récente (portant sur la période 2001–2005) par rapport à leur première classification (portant sur la période 1990–2000).

Certains fjords, le long de la côte méridionale de la Norvège, ont été reclassés comme zones à problème dans l’évaluation la plus récente, essentiellement à la suite de la disparition des forêts de laminaires sucrées Encadré 4.1 et à l’épuisement en oxygène. Inversement, des zones au large du Skagerrak suédois et danois et de l’Oyster Ground des Pays-Bas sont maintenant considérées comme des zones sans problème, grâce à une meilleure perception des effets biologiques causés par l’eutrophisation et donc de critères d’évaluation affinés.

Dans d’autres zones, les indicateurs révèlent une amélioration des tendances qui n’est pas encore visible dans l’état général d’eutrophisation. Dans les eaux côtières des Pays-Bas, par exemple, les teneurs en chlorophylle sont encore élevées bien qu’elles aient baissé entre 2001 et 2005.

La baisse des apports fluviaux de nutriments depuis 1990 est maintenant évidente, les teneurs en azote et en phosphore dans l’eau de mer étant plus faibles. Cette diminution est particulièrement évidente dans les eaux côtières plutôt que dans les zones du large où les effets des apports fluviaux en baisse peuvent être masqués par l’arrivée d’eaux riches en nutriments provenant de l’Atlantique.

Le transport transfrontalier est significatif pour la Région II

Le transport de nutriments entre des zones peut contribuer à l’eutrophisation et compenser l’efficacité du contrôle des sources locales. Les eaux riches en nutriments de l’Atlantique pénètrent dans la mer du Nord septentrionale et sont transportées avec des courants résiduels vers le sud le long de la côte orientale du Royaume-Uni et vers le nord le long de la côte occidentale de l’Europe continentale. La modélisation montre que le German Bight reçoit également des nutriments apportés par les courants côtiers venant de l’Atlantique et qui s’enrichissent progressivement en nutriments provenant d’apports fluviaux et de retombées atmosphériques lorsqu’ils traversent la Manche et la mer du Nord. Le courant du Jütland transporte, à partir du German Bight, des nutriments le long de la côte occidentale du Jütland dans le Skagerrak et le Kattegat. Ceci, conjugué aux eaux en provenance de la mer Baltique et des sources locales, contribue à l’eutrophisation que l’on observe le long de la côte occidentale de la Suède et de la côte méridionale de la Norvège. Les nitrates provenant du German Bight pourraient représenter de 60% à 80% des teneurs le long de la côte méridionale de la Norvège. Une évaluation efficace des effets transfrontaliers des charges de nutriments exige une coopération internationale.

Les teneurs en chlorophylle sont encore élevées dans la Région II

La Procédure commune utilise la teneur en chlorophylle comme indicateur de la biomasse phytoplanctonique. On ne relève, dans l’ensemble, aucune tendance significative des teneurs en chlorophylle entre 2001 et 2005, malgré la réduction des teneurs en nutriments relevée dans les eaux côtières. Le rapport entre les teneurs en chlorophylle et les teneurs en nutriments est complexe, soumis à une forte variabilité inter-annuelle et dépend de facteurs tels que la libération de nutriments par les sédiments et les modifications des pressions exercées par le broutage du zooplancton.

L’état d’eutrophisation dans la Région III reste inchangé

On ne relève aucun changement significatif de l’état d’eutrophisation de la Région III , entre 2001 et 2005, par rapport à la première classification portant sur la période de 1990 à 2000. La plupart des zones côtières et du large demeurent des zones sans problème. L’eutrophisation anthropique n’a lieu que dans les eaux côtières semi-fermées telles que les estuaires, en particulier ceux situés le long de la côte sud-est de l’Irlande Figure 4.7. Ces zones possèdent en général une plus forte densité de population et des activités agricoles intenses. Trois estuaires à l’ouest de l’Angleterre et au Pays de Galles, qui sont diversement affectés par le ruissellement provenant de l’agriculture et les eaux urbaines résiduaires, ont également été classés comme zones à problème. De nombreuses zones de la Région III présentent des problèmes d’eutrophisation mais la superficie totale des zones affectées est faible.

Les écosystèmes côtiers sont moins sensibles à l’eutrophisation dans la Région IV

La Région IV présente peu de problèmes d’eutrophisation et ceux qui existent se limitent principalement aux estuaires et aux baies dont l’hydrodynamisme est limité. Des teneurs élevées en chlorophylle, d’espèces phytoplanctoniques nuisibles et de toxines algales ont été relevées dans un certain nombre de zones côtières et estuariennes le long des côtes françaises Figure 4.7. En Espagne, de nombreux estuaires ont été classés comme zones à problème potentiel car ils possèdent des teneurs élevées en nutriments cependant il n’a pas été observé d’effets biologiques (ce qui dépend souvent du manque de données).