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Exploitation des ressources
marines vivantes

Mariculture

La mariculture est une activité en pleine expansion qui peut causer des dégâts considérables à l’environnement si elle n’est pas gérée correctement. Les Parties contractantes OSPAR doivent coopérer pour surveiller de près les effets généraux au cours du développement de cette activité.

La mariculture est l’élevage d’organismes marins, tels que le poisson et les coquillages, pour l’alimentation et autres produits. En 2006, la mariculture a produit presque 1,5 millions de tonnes de poisson et coquillages dans la zone OSPAR, ce qui représente 4,2% de la production maricole mondiale Figure 8.7. Depuis 1998 la production de poisson dans la zone OSPAR a augmenté de 57% ce qui est dû essentiellement à l’augmentation de la production dans les Régions I et II Figure 8.8. L’élevage de coquillages, qui est particulièrement développé au sud de la Région II et dans la Région IV, est resté stable au cours de la même période.

La mariculture cause de nombreuses préoccupations, aussi bien en matière de pratiques d’élevage qu’en ce qui concerne l’échange et les mouvements à grande échelle des œufs, des embryons et des naissains, en particulier lorsque des écorégions différentes sont impliquées. Il s’agit par exemple du brassage génétique entre les espèces d’élevage et les stocks sauvages, du transfert de parasites et de maladies, de la prolifération d’espèces non indigènes et du fait que l’alimentation des poissons d’élevage dépend des captures industrielles de poisson sauvage. Un certain nombre d’impacts propres à un site, causés par les installations maricoles, sont également préoccupants, y compris:

  • L’eutrophisation due à l’enrichissement en nutriments provenant des aliments et des effluents.
  • La concurrence dans les frayères des habitats dulcicoles entre les poissons d’élevage échappés et les stocks sauvages.
  • Le rejet de produits chimiques antisalissure utilisés dans le revêtement des équipements ou de produits de traitement des parasites et des maladies.
  • Le déplacement de populations d’oiseaux et de phoques, résultant de l’utilisation de dispositifs répulsifs acoustiques visant à décourager la prédation de poisson d’élevage.
  • Les impacts de la récolte des coquillages et du recueil des naissains pour l’élevage de moules.

Mesures en place pour réduire les impacts

OSPAR recommande l’application de la meilleure pratique environnementale (BEP) afin de réduire les apports de produits chimiques potentiellement toxiques provenant de l’aquaculture. De plus des mesures dans le cadre des Stratégies eutrophisation, substances dangereuses et biodiversité et écosystèmes d’OSPAR, procurent des moyens pour surveiller, évaluer et réglementer les impacts de la mariculture. Diverses mesures nationales et de l’UE traitent de la pollution et des impacts de la mariculture sur la biodiversité. Il existe également des protocoles internationaux d’évaluation des risques, développés par le CIEM, permettant d’évaluer les risques de l’utilisation d’espèces non indigènes en aquaculture.

Réduction de l’utilisation des substances dangereuses

Bien que les législations nationales ne mettent pas totalement en œuvre les recommandations d’OSPAR sur la BEP pour la réduction des apports de produits chimiques potentiellement toxiques utilisés en aquaculture, les objectifs semblent être repris par les législations nationales ou de l’UE. L’usage et le développement croissants de vaccins ont réduit de manière significative l’utilisation d’antibiotiques en mariculture. Les substances à base de cuivre ont été substituées au tributylétain (TBT) dans les produits antisalissure utilisés pour le matériel de mariculture. L’augmentation possible des rejets de cuivre, essentiellement dans les Régions I et II, cause des préoccupations. Il est toutefois probable que les augmentations apparentes soient une conséquence d’une meilleure surveillance et d’une meilleure notification et que l’utilisation actuelle du cuivre ait même diminué.

Une meilleure appréhension des effets sur les populations sauvages est nécessaire

Il a été suggéré que le pou du saumon d’élevage est responsable du déclin du saumon et de la truite de mer sauvages à proximité des élevages de saumon, mais il faut disposer de preuves supplémentaires pour pouvoir établir un lien direct. La contribution du saumon d’élevage échappé aux captures nationales dans l’Atlantique du Nord-Est, en 2007, représente environ 15% en Norvège, mais moins de 2% dans la plupart des autres pays OSPAR. Les principaux risques associés à l’évasion du poisson d’élevage sont le déplacement du poisson sauvage et le brassage génétique. Une expansion de la mariculture centrée sur des espèces de poisson carnivore risque d’accroître les besoins en aliments issus de la pêche industrielle des stocks sauvages. Il est donc nécessaire de posséder de meilleures connaissances sur les interactions entre l’élevage de diverses espèces et les stocks halieutiques sauvages.

Le changement climatique risque d’accroître l’introduction d’espèces non indigènes

L’augmentation de la température de la mer pourrait potentiellement modifier les zones où s’établissent des espèces introduites. L’huître du Pacifique, introduite dans la zone OSPAR à titre d’espèce pour la mariculture, a établi des populations sauvages en France et au Nord jusqu’au Danemark et en Suède, zones qui étaient antérieurement considérées trop froides pour permettre une reproduction viable de cette espèce. Ces introductions peuvent entraîner la migration d’espèces indigènes et des conséquences sur la faune associée.

Il faut suivre de près les impacts à plus grande portée

Les activités maricoles sont très diverses et peuvent avoir des impacts propres à un site. La réglementation et le contrôle devront donc se focaliser sur une approche au cas par cas. Les pays OSPAR devraient continuer à mettre en œuvre les mesures déjà en place afin d’atténuer les impacts de la mariculture. OSPAR doit suivre de près les impacts à plus grande portée, tels que les espèces non indigènes, les impacts du pou de mer, les poissons échappés des élevages et le besoin croissant en produits des pêches industrielles, en particulier si une augmentation substantielle des activités maricoles se produit. Si cela s’avère nécessaire, une gestion coordonnée sera requise. Il faudra également réexaminer la nécessité d’adapter les approches de la gestion de la mariculture au changement climatique.

Résumé régional des tendances antérieures et à venir pour la mariculture

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