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Autres usages et impacts de
l’homme

Espèces non indigènes

Les espèces non indigènes, introduites principalement par la navigation et la mariculture, ont des effets économiques et écologiques sur la zone OSPAR. Les Parties contractantes OSPAR devront coopérer pour soutenir les efforts internationaux actuels afin de prévenir de nouvelles introductions.

Les espèces non indigènes peuvent entraîner des changements imprévisibles et irréversibles des écosystèmes marins, tels que la prédation et la concurrence parmi les espèces indigènes, la modification des habitats et des impacts trophiques. Divers impacts économiques ou sur la santé humaine peuvent se produirent, causés par exemple par les salissures, les efflorescences algales non indigènes nuisibles ou les structures endommagées. Plus de 160 espèces non indigènes ont été identifiées dans la zone OSPAR mais le nombre réel d’espèces introduites risque d’être plus élevé. Ceci s’explique par le fait que la surveillance à long terme et l’enregistrement des données sont limités et qu’il peut s’avérer difficile d’identifier les espèces taxinomiquement. Certaines espèces sont actuellement incorrectement identifiées.

Le CIEM a déterminé 30 espèces non indigènes ayant un impact préjudiciable sur les écosystèmes ou la santé humaine dans la zone OSPAR Tableau 9.1. La plupart des espèces non indigènes identifiées sont présentes au moins dans deux Régions (en particulier les Régions II, III et IV). Les données sur la Région V manquent pour la plupart. À l’origine, le principal vecteur d’introduction de ces espèces était la mariculture, suivie par l’eau de ballast des navires, les salissures sur la coque des navires et la pêche. Les impacts les plus importants et répandus sont les modifications des habitats et la concurrence avec les organismes indigènes pour la nourriture et l’espace. Nombre d’entre elles ont également des impacts économiques. Presque toutes les espèces concernées ont été introduites avant les mesures actuelles, et pour certaines d’entre elles, il y a plusieurs centaines d’années.

Tableau 9.1

Espèces non indigènes dans la zone OSPAR...
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Encadré 9.10 Exemples d’espèces non indigènes connues pour avoir des effets préjudiciables

L’huître creuse a été introduite dans toute l’Europe dans les années 1970 afin d’être cultivée pour remplacer les populations d’huître indigène et d’huître portugaise en déclin. On avait présumé que l’huître creuse ne se répandrait pas dans les régions de hautes latitudes (telles que l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni) car les eaux seraient trop froides pour sa reproduction. Cependant, cette espèce peut tolérer une gamme étendue de températures et sa larve planctonique non sessile peut subsister jusqu’à trois semaines dans la colonne d’eau avant de trouver un substrat approprié sur lequel se fixer. Ceci offre à l’huître creuse une dispersion très étendue. Cette espèce s’est maintenant établie ou a été observée en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en France, en Irlande, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni et on a relevé des populations établies dans des régions aussi septentrionales que la Norvège et la Suède. Dans la mer des Wadden, où le substrat dur est rare, à l’exception des bancs de moules et des coquilles d’huître, les bancs de moule commune sont en déclin, alors que les populations d’huître creuse qui se fixent sur les récifs semblent augmenter. La structure des communautés varie selon que l’habitat est créé par des huîtres ou des moules, avec des implications pour leur fonction générale dans le milieu marin.

Huître creuse - étude de cas

Le crabe royal, natif du Pacifique Nord, a été introduit délibérément dans les eaux russes dans les années 1960 et a migré vers la Norvège dès 1976. Il est maintenant présent dans les eaux côtières de toute la Norvège septentrionale où il est en concurrence avec les prédateurs locaux, modifie les habitats et risque d’affecter la conchyliculture.

Crabe royal - étude de cas

L’ascidie plissée, native de la côte pacifique d’Asie, a probablement été introduite en Europe par les salissures des navires de guerre pendant la guerre de Corée. Une fois introduite en Europe, elle a été observée sur la coque de navires et de bateaux de plaisance et pourrait s’être répandue grâce aux déplacements des stocks d’huîtres et aux structures portuaires flottantes auxquelles elle se fixe. Cette espèce peut engendrer une biomasse élevée dans les zones abritées ce qui donne lieu à une concurrence avec les autres organismes filtreurs. Les jeunes individus se fixent souvent sur des spécimens plus grands (jusqu’à 200 mm) pour constituer des grappes et l’ascidie plissée longévive risque donc de constituer un substrat pour d’autres espèces non indigènes. Les impacts économiques émergent en raison des salissures, par exemple sur les structures artificielles dans les ports ou dans les installations de cultures marines. Certaines personnes peuvent développer des problèmes respiratoires produits à partir des tissus endommagés lorsqu’elles retirent les ascidies plissées des huîtres.

Ascidie plissée - étude de cas

De gauche à droite: huître creuse, crabe royal, ascidie plissée

Le risque d’introduction par l’eau de ballast a été abordé par OSPAR et HELCOM qui ont pris des mesures afin de s’assurer de l’application précoce de normes en cohérence avec la Convention de l’OMI sur la gestion des eaux de ballast. Les risques environnementaux liés aux mouvements des espèces aquatiques non indigènes sont traités, au sein de l’UE, par le Règlement relatif à l’utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes. Il existe également des protocoles internationaux d’évaluation des risques, permettant d’évaluer les risques d’utilisation des espèces non indigènes dans l’aquaculture.

La ratification et la mise en œuvre de la Convention de l’OMI sur la gestion des eaux de ballast devraient être accélérées et suivies d’une mise en vigueur efficace. Il y a lieu de surveiller l’efficacité de cette mesure et d’autres mises en œuvre récemment sur la réduction de l’introduction d’espèces non indigènes. Les travaux dans le cadre de la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin de l’UE fourniront un point focal pour cette démarche, en tentant de s’assurer que la quantité d’espèces non indigènes introduites par les activités humaines reste à un niveau qui ne perturbe pas les écosystèmes.