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Autres usages et impacts de
l’homme

Déchets marins

Les déchets marins constituent un problème persistant qui affecte l’ensemble du milieu marin, et leurs effets écologiques ne sont pas pleinement compris. OSPAR devrait étendre la surveillance des déchets marins sur les plages à toutes les Régions.

On entend par déchets marins tout matériau solide persistant, fabriqué ou transformé, éliminé, rejeté ou abandonné dans le milieu marin et côtier. Il s’agit notamment d’une grande variété d’objets à dégradation lente. Les principales sources à terre sont notamment le tourisme, les égouts, les décharges illicites, les commerces locaux et les sites d’élimination non protégés. Les principales sources en mer sont la navigation et la pêche, y compris les engins de pêche abandonnés et perdus.

Le problème des déchets marins est persistant et affecte les fonds marins, la colonne d’eau et le littoral. Ils présentent des risques pour une gamme étendue d’organismes marins, tels que les oiseaux de mer, les mammifères marins et les tortues de mer qui les avalent ou s’y enchevêtrent, et constituent des impacts économiques pour les autorités locales et toute une série de secteurs, par exemple l’aquaculture, le tourisme, la production d’énergie, l’agriculture, la pêche, la navigation, les ports et la recherche et le sauvetage. Soixante-cinq pour cent des objets surveillés sur les plages sont en matière plastique. Ils se dégradent très lentement sur des centaines d’années et ont tendance à se disperser en petites particules. La présence répandue de particules microscopiques de matière plastique et leur absorption potentielle par les organismes filtreurs causent de plus en plus de préoccupations car elles sont capables d’absorber, de dégager et de transporter des polluants.

Les législations internationales et de l’UE traitant des sources de déchets sont notamment l’annexe V de la Convention MARPOL 73/78 et la Directive sur les installations de réception portuaires pour les déchets de l’UE. OSPAR a publié, en 2007, des lignes directrices pour la mise en œuvre des projets de pêche aux déchets dans la zone OSPAR.

Encadré 9.8 Pêche aux déchets

« La pêche aux déchets » (FFL – Fishing for litter) est l’une des initiatives les plus innovatrices et réussies permettant de s’attaquer au problème des déchets en mer. La FFL a pour objectif de réduire les déchets marins en impliquant l’une des principales parties prenantes, l’industrie de la pêche. La FFL se charge du retrait direct des déchets de la mer mais également de la sensibilisation au problème au sein de l’industrie dans son ensemble.

Les navires participants sont pourvus de grand sacs solides (1 m3) destinés à recevoir les déchets recueillis dans leurs filets lors d’activités de pêche normales. Les déchets habituels domestiques et opérationnels, et dont ils sont responsables, continuent à être éliminés grâce aux systèmes portuaires de gestion des déchets en place. Les sacs pleins de déchets sont déposés sur le quai et les ports participant à cette initiative surveillent les déchets avant de placer les sacs dans une benne qui leur est réservée, afin qu’ils soient éliminés. Les sacs sont fournis et il faut couvrir les frais des déchets mais l’intervention des pêcheurs et des ports est volontaire. La FFL a deux objectifs principaux: premièrement, supprimer physiquement les déchets qui se déposent sur les fonds marins et deuxièmement, sensibiliser l’industrie de la pêche à l’idée qu’il n’est plus acceptable de déverser des déchets par-dessus bord. Ce concept a fait l’objet d’un soutien important de la part de l’industrie de la pêche. Le nombre de navires y participant a augmenté au cours des sept dernières années. Environ 190 navires y participent dans les Régions II et III, retirant 240 tonnes de déchets par an. D’autres parties prenantes soutiennent également cette initiative FFL.

L’initiative FFL démontre également que les objectifs et les buts du programme peuvent rallier le soutien de l’industrie de la pêche, des autorités portuaires et des autorités locales. Elle a contribué à la modification des us et coutumes du secteur de la pêche, ainsi qu’à constituer un mécanisme de retrait des déchets de la mer et du fond marin.

OSPAR surveille, depuis 1998, les quantités de déchets sur les plages, à l’origine par le biais d’un projet pilote et ensuite par le biais d’un programme de surveillance volontaire. Dans l’ensemble, les quantités de déchets marins dans les zones surveillées sont inacceptables en dépit des initiatives visant à leur réduction dans la zone OSPAR. Les plages de la zone OSPAR comportent en moyenne 712 déchets individuels par 100 m. Ces quantités sont restées relativement constantes mais on relève une légère augmentation des apports provenant de l’industrie de la pêche. La Région III et la partie septentrionale de la Région II possèdent plus de déchets que la Région IV et la partie méridionale de la Région II Figure 9.14.

Les données relatives aux déchets sur les fonds marins et aux déchets flottants sont limitées mais les études qui ont été réalisées révèlent que les quantités de déchets sur les fonds marins peuvent varier grandement et que les déchets risquent de s’accumuler dans certaines zones. Les déchets marins s’acheminent également vers les grands fonds et les scientifiques étudiant les fonds marins, grâce à des submersibles ou des véhicules télécommandés, en observent régulièrement. Un Objectif de qualité écologique (EcoQO) pour la mer du Nord sur les particules de matière plastique dans l’estomac des oiseaux de mer a permis de déterminer l’ampleur des déchets flottant sur la mer. Des études correspondantes montrent que l’estomac de 94% des oiseaux de mer contient de petites particules de matière plastique et un pourcentage élevé d’oiseaux présente des niveaux supérieurs à celui fixé par l’EcoQO.

Figure 9.14 Tendances du nombre moyen de déchets marins recueillis...

Encadré 9.9 EcoQO OSPAR sur les particules de matière plastique dans l’estomac des oiseaux de mer

EcoQO pour la mer du Nord: L’échantillonnage de 50 à 100 fulmars échoués sur les plages provenant de chacune des quatre ou cinq zones de la mer du Nord pendant au moins cinq ans devrait comporter moins de 10% de fulmars boréaux dont l’estomac contient plus de 0,1 g de particules de matière plastique.

Le fulmar boréal est présent dans l’ensemble de la partie septentrionale de la zone OSPAR, y compris dans la Région II. Le fulmar s’alimente exclusivement en mer, capturant sa proie à la surface de l’eau. Il ingère fréquemment des déchets flottants, y compris des objets en matière plastique, qu’il confond probablement avec de la nourriture. Les quantités de petits objets en matière plastique contenues dans son estomac sont indicatrices de l’abondance des déchets trouvés en mer car il ne les régurgite pas. Les particules ingérées ont pour effet potentiel de réduire sa consommation et son aptitude à transformer la nourriture, entraînant une détérioration de sa condition physique, une plus grande mortalité et un succès réduit de reproduction.

Entre 2002 et 2006, l’estomac de 1090 fulmars échoués sur les plages de la mer du Nord a été analysé. Le pourcentage de fulmars dont l’estomac contient plus de 0,1 g de matière plastique va de 45% à plus de 60% (voir la figure). La zone de la Manche est la plus polluée alors que celle des îles écossaises est la « plus propre », la quantité moyenne de matière plastique contenue dans l’estomac des fulmars représentant environ un tiers de celle des fulmars de la Manche. Les données des îles Féroé (Région I) sont incluses à titre comparatif. L’EcoQO est probablement atteint uniquement dans les populations arctiques. Une longue série de surveillance des Pays-Bas révèle une réduction significative de la quantité de matière plastique entre 1997 et 2006, grâce essentiellement à une réduction des matières plastiques industrielles brutes.

Pour atteindre cet EcoQO, l’amélioration de la mise en œuvre de la Directive sur les installations de réception portuaires pour les déchets de l’UE et de l’annexe V de MARPOL, et des mesures spécifiques sur les engins de pêche, serait nécessaire.

Évaluation du système des EcoQO pour la mer du Nord

Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour empêcher les déchets de pénétrer dans le milieu marin aussi bien ceux d’origine marine que tellurique. Les efforts à fournir pour s’attaquer aux sources marines incluent l’éducation environnementale des marins professionnels, des méthodes pour éviter l’abandon des engins de pêche, la coopération sur la mise en vigueur et la sensibilisation, ainsi que les initiatives de pêche aux déchets. Quant aux sources telluriques, l’amélioration de la gestion des déchets, y compris la réduction des déchets et le recyclage, aidera à résorber le problème. OSPAR devrait étendre sa surveillance des déchets sur les plages à toutes les Régions et envisager de l’inclure dans son Programme coordonné de surveillance continue de l’environnement, en tenant compte des exigences de surveillance de la Directive cadre Stratégie pour le milieu marin. Il faudrait peut-être surveiller la colonne d’eau et les fonds marins. OSPAR devra soutenir la mise en œuvre de législations internationales et de l’UE, des initiatives telles que les travaux sur les déchets marins (Programme des mers régionales) du PNUE et la recherche en cours sur les déchets en eaux profondes et les effets écologiques des microplastiques.