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Autres usages et impacts de
l’homme

Extraction minière

L’extraction du sable et du gravier peut avoir toute une gamme d’impacts, tels que la détérioration des habitats et le bruit. Les réglementations et lignes directrices existantes constituent un cadre de gestion des impacts. Les Parties contractantes OSPAR devront coopérer pour suivre de près les impacts causés par l’augmentation éventuelle de l’extraction minière et accorder une attention toute particulière à la protection des habitats prioritaires OSPAR contre des dommages.

Chaque année, environ 50 à 60 millions de mètres cubes de gisements miniers marins sont extraits principalement pour le secteur de la construction et utilisés pour le sable de remplissage à terre ou pour le réapprovisionnement des plages. Les principaux matériaux extraits sont le sable et le gravier mais le maërl (algue calcaire) est également extrait en France et, dans une moindre mesure, en Irlande. Il est utilisé pour le chaulage des terres agricoles et comme matériau de filtration dans le traitement de l’eau. De petites quantités de coquilles sont extraites aux Pays-Bas, par exemple pour paver les sentiers de randonnées. Les plus grandes quantités de sable et de gravier sont extraites dans les Régions II et III, des quantités plus faibles étant extraites dans les Régions I et IV Figure 9.10. Environ 80% du volume total extrait dans la zone OSPAR proviennent de la Région II. Les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la France et le Danemark sont les plus gros extracteurs. Aucune extraction minière n’a lieu actuellement dans la Région V, mais les fonds marins profonds sont en cours d’exploration car ils constituent une ressource minière probable qui pourra être exploitée à l’aide de nouvelles technologies. La réglementation de l’extraction minière dans les zones situées au-delà de la juridiction nationale relève de la compétence exclusive de l’Autorité internationale des fonds marins.

La quantité totale de sable et de gravier marins extraite a augmenté d’environ 30% au cours des dix dernières années. Cependant, l’étendue géographique totale des zones d’extraction est relativement stable car de nouvelles concessions ont été compensées par l’arrêt des activités d’extraction dans certaines zones.

L’extraction des gisements miniers marins a pour principal impact de retirer le substrat et les organismes correspondants, ce qui risque de perturber la stabilité des fonds marins et d’entraîner des modifications de la chaîne alimentaire. Les zones d’extraction de sable et de gravier peuvent se recoloniser assez rapidement. La biomasse se reconstitue deux ou trois ans après des activités d’extraction à court terme. Le rétablissement après des périodes intensives ou prolongées d’extraction prend plus de temps ou, en fonction des conditions locales, pourrait ne pas se produire du tout. Il existe également des panaches transitoires de matière en suspension, mais on considère que leurs impacts sont négligeables. Il s’agit notamment de la diminution de l’oxygène dissout et de l’incidence sur les poissons fouisseurs et les oiseaux de mer plongeurs. L’extraction est également responsable du bruit sous-marin.

Les EIE devraient s’assurer que la détérioration ou la perte d’habitats, menacés ou en déclin selon OSPAR, tels que les bancs de maërl ou les récifs de Sabellaria spinulosa, est minimisée ou évitée. On considère le maërl comme une ressource non renouvelable car sa croissance est très lente et même l’extraction de matériau mort peut causer des effets écologiques majeurs. L’extraction du sable et du gravier a souvent lieu dans des zones de sédiments mélangés où se trouvent des récifs de Sabellaria spinulosa et elle risque donc d’endommager ces récifs. On sait cependant que certains de ces récifs sont proches de sites d’extraction et ne sont pas perturbés. La Directive Habitats de l’UE exige que les États membres prennent des mesures de gestion appropriées pour s’assurer que toute exploitation du maërl est compatible avec le maintien de l’habitat dans un état de conservation favorable. Plusieurs zones protégées de la Région III comportent des bancs de maërl.

Tous les pays OSPAR pratiquant l’extraction de grandes quantités de sable et de gravier possèdent une législation alignée sur les Directives EIE et Habitats de l’UE. Les pays OSPAR sont convenus d’appliquer les lignes directrices élaborées par le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) pour la gestion de l’extraction des sédiments marins. Elles traitent également de la conservation de la nature et des conflits entre les divers usagers quant à l’espace. L’Allemagne, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont exigé des extracteurs de sable et de gravier qu’ils utilisent des boîtes noires enregistreuses pour surveiller les modifications de l’étendue géographique des activités d’extraction en temps réel.

L’application des lignes directrices du CIEM et des EIE s’est avérée réussie dans la gestion de l’extraction du sable et du gravier dans certaines zones, comme par exemple la Manche (Royaume-Uni). La stabilité, voire la décroissance dans certaines zones de l’étendue géographique des extractions, a réduit les conflits entre les différents usagers littoraux, mais ceci a été compensé par une augmentation de l’intensité des extractions, ralentissant potentiellement le rétablissement des zones affectées. Tous les pays OSPAR ne notifient pas des données exhaustives sur l’extraction. De plus les seuils à partir desquels des EIE sont requis et la qualité des évaluations varient grandement d’un pays à l’autre. En l’absence de données précises, il est difficile d’évaluer si la réglementation a permis d’améliorer la protection des écosystèmes benthiques.

Les besoins en sable et en gravier marins pour des projets de protection du littoral risquent d’augmenter en raison de l’augmentation du niveau de la mer et de la croissance des projets d’infrastructures entraînant une demande en sable et gravier pour la construction. Il sera donc nécessaire de s’efforcer de réduire les impacts négatifs de l’extraction du sable et du gravier. Il s’agira notamment de mettre rigoureusement en œuvre les lignes directrices du CIEM, de notifier de manière harmonisée et précise l’ampleur et l’impact de l’extraction et les activités de suivi dans le cadre des EIE. OSPAR devra encourager la recherche pour aborder les lacunes dans les connaissances sur les impacts de l’extraction du sable et du gravier sur les poissons et la petite faune benthique, sur le rétablissement à long terme des fonds marins et sur la possibilité de rétablissement des fonds marins, en tenant compte d’autres activités qui risquent d’avoir un impact sur les fonds marins. Les approches régionales pour la gestion de l’extraction du sable et du gravier devraient être étudiées; ceci exigera une coopération entre les divers pays si une ressource se situe sur une ou près d’une frontière nationale.

Figure 9.10 Sites d’extraction de sable, de gravier et de maërl...