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Autres usages et impacts de
l’homme

Munitions immergées

Les grandes quantités de munitions immergées dans la mer sont un héritage historique représentant un risque pour les pêcheurs, les autres usagers du littoral et les espèces marines.

D’importantes quantités de munitions ont été immergées dans des sites désignés ou larguées au hasard en mer, à la suite des Première et Deuxième Guerres mondiales. Il s’agit notamment de munitions conventionnelles telles que des bombes, des grenades, des torpilles, des mines ainsi que des dispositifs incendiaires et des munitions chimiques.

La présence de munitions dans la mer présente un risque pour les pêcheurs et les usagers du littoral. Récemment en 2005, trois pêcheurs ont été tués dans la partie méridionale de la mer du Nord par l’explosion, sur leur bateau de pêche, d’une bombe datant de la Deuxième Guerre mondiale et prise dans leurs filets. Les nombreux produits chimiques utilisés dans les munitions, pouvant être libérés lors de leur dégradation, et éventuellement présenter des risques pour la chaîne alimentaire marine, causent également des préoccupations. Néanmoins cela ne semble pas être le cas actuellement dans la zone OSPAR. Les quelques données disponibles indiquent peu ou pas de contamination du poisson, des mollusques et crustacés ou des sédiments à proximité des sites d’immersion. Une étude du site d’immersion Beaufort’s Dyke en mer d’Irlande (Région III), réalisée en 1996, n’a trouvé aucune preuve indiquant la présence de produits chimiques, provenant d’armes et de munitions conventionnelles et chimiques, dans les sédiments, le poisson ou les mollusques et crustacés. Les teneurs en métaux présents à l’état naturel utilisés dans les munitions, tels que l’arsenic et les métaux lourds, se situent dans la gamme prévue aux alentours du Royaume-Uni. Des études belges ont révélé que la contamination des sédiments par le gaz moutarde provenant d’un obus de la Deuxième Guerre mondiale est limitée à un rayon de 3 cm autour de l’obus. L’explosion de munitions risque de présenter un plus grand risque pour l’environnement aussi bien à cause du dégagement de substances dangereuses que des impacts du bruit. La pression exercée par le bruit important que produisent les explosions spontanées ou contrôlées de munitions peut blesser ou tuer certains mammifères marins et poissons. Il a été rapporté que des marsouins ont été tués dans un rayon de 4 km autour d’explosions et que d’autres ont subi une détérioration permanente de l’ouïe dans un rayon de 30 km.

Les informations sur les quantités de munitions immergées et leur emplacement sont incomplètes mais la planification spatiale marine doit tenir compte de la présence de munitions immergées.

En 2004, OSPAR a démarré un programme visant à déterminer l’ampleur de l’immersion des munitions et à surveiller la fréquence des découvertes Figure 9.12. Cette démarche a révélé que des munitions sont immergées dans 148 sites et que 1879 découvertes de munitions ont été signalées depuis 2004. Environ 58% des munitions signalées sont entrées en contact avec des pêcheurs et 29% ont été trouvées sur le littoral. La plupart (76%) ont été retirées de la mer ou ont été neutralisées; 11% ont été rejetées à la mer par mesure de sécurité.

OSPAR a préparé un cadre de développement de lignes directrices nationales sur la marche à suivre en cas de contact avec des munitions, afin de réduire les risques qu’elles présentent pour les pêcheurs et les usagers du littoral. Le nettoyage des sites d’immersion présente des risques sérieux pour la sécurité ainsi que des risques plus élevés de dispersion de substances dangereuses. La pratique de gestion la plus courante consiste à laisser les munitions sur les fonds marins et à leur permettre de se désintégrer naturellement. S’il y a lieu de retirer des munitions des fonds marins, il faudrait envisager de recourir aux nouvelles techniques qui permettent de les neutraliser sans les faire exploser.

Bien que nous disposions de plus de connaissances, OSPAR devrait continuer à recueillir des données sur les découvertes de munitions immergées et suivre de près les nouvelles techniques de gestion des risques que présentent les munitions. La planification et la gestion des activités marines devraient prendre en compte les risques que présentent les munitions immergées. Il faudrait éviter les explosions car le bruit sous-marin et le dégagement de substances dangereuses qu’elles entraînent causent des préoccupations. Il y aura lieu de publier des lignes directrices nationales, à l’intention des pêcheurs et des usagers du littoral, sur la marche à suivre en cas de contact avec des munitions. Les autorités nationales devront envisager de fournir aux pêcheurs des bouées de balisage en subsurface à utiliser en cas de découverte. OSPAR devrait encourager le développement de techniques permettant de retirer ou de neutraliser en toute sécurité les munitions sans explosion et promouvoir la surveillance des effets éventuels des munitions immergées dans l’Atlantique du Nord-Est.

Figure 9.12 Emplacement des munitions immergées et des découvertes...